Waw, comme quoi parfois à peu de choses près un film peut être annulé ou au contraire vivre normalement ; parce que j'imagine mal ce film être fait en 2020 par exemple, c'est-à-dire un film où l'on voit un peintre recevoir en cadeau une femme assez jeune et profiter d'elle sans que l'auteur n'interroge jamais cela. En soi, chacun ses idéologies, c'est du cinéma, et je suis contre la censure imposée par les bien pensants. Je ne suis pas non plus pour une retranscription fidèle à 100% d'un événement historique ou d'une vie ; je m'en fiche un peu qu'ils aient triché sur l'âge de la compagne de Gauguin (elle en avait 13 en réalité si j'ai bien lu), pour moi l'important est de retranscrire une idée. Ce qui m'emmerde, moi, c'est le genre de biopic un peu hypocrite où l'on va vous monter que la personnalité avait des défauts mais qu'au fond, quand même, on ne peut nier qu'elle était géniale. Juste crier au génie, ça n'a pas beaucoup d'intérêt, c'est même un peu facile, surtout quand il s 'agit d'un artiste.


Et c'est vraiment ça qui m'emmerde. Parce que Gauguin, même si je n'ai rien lu de lui, du peu que j'en vois dans ce film, c'est clairement pas le mec avec qui t'as envie d'aller dans un tea room pour passer le temps ou de lui demander des conseils sur la vie ; il doit être bien chiant à écouter et doit vouloir constamment imposer ses idées aux autres, quelles qu'elles soient (comme beaucoup d'artistes)... mais pourquoi, dans l'exercice du biopic ne pas juste montrer les choses telles qu'elles sont ? Il dessinait bien, c'est sûr, pouvait parfois dire des choses intelligentes, je n'en doute pas non plus, mais il disait aussi beaucoup de conneries, il aimait la chair fraîche, il aimait bien sa position de maître en pays étranger ; par exemple lorsqu'il explique au jeune autochtone ce qu'est l'art, il lui tape dessus, mais c'est montré ici comme une chose pas si méchante, parce qu'au fond c'est pour l'aider à l'émanciper et à embrasser l'Art, alors qu'en fait c'est juste un connard qui cherche à imposer sa vision fermée de l'art. Et voilà qu'on nous le montre en harmonie avec sa muse, avec la nature, vivant heureux une vie simple, parce que les sauvages ont tout compris de la vie. En plus de cela, il n'y a pas tellement de conflits, hoo bien sûr il est un peu malade mais on ne ressent pas tellement sa misère ni même ses porblèmes de santé, et tout le monde semble content de le croiser dans ce pays carte postale ; les personnages secondaires sont assez faiblement développés, en gros leur caractérisation c'est d'être en extase devant le peintre génie, ils ne font rien d'autres, même celui qui se prend des coups je le soupçonne de bander à ce moment là.


Niveau mise en scène c'est sympa, la photo est soignée, d'où le côté carte postale. Le découpage est sobre, efficace, le montage est bien rythmé. Les décors sont très chouettes, on aurait vraiment envie qu'une aventure se déroule en ces lieux tant ils sont bien trouvés et bien filmés. Cassel fait très bien le boulot, bon il manque quand même un côté obsessionnel (qu'il avait dans Black Swan par exemple) ; les acteurs secondaires font le boulot, sans plus.


Bref, ce film est décevant, il ne se passe pas grand chose, le portrait est trop complaisant alors qu'une prise de position plus neutre aurait permis de creuser davantage certains aspects pour le meilleur et pour le pire.

Fatpooper
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le 30 oct. 2022

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