Get Out par Pascoul Relléguic

Étonnamment, Get Out trouve sa force dans ses imperfections, à savoir un mélange un peu casse-gueule de différents genres pas si facilement compatibles. La 1ère partie s'annonce thriller psychologique dont l'angoisse du huis clos est régulièrement brisée par le personnage comique du pote et ses élucubrations, tandis que la conclusion offre une nouvelle rupture de ton en virant quasiment au bis (on n'est pas loin de l'hommage à Norbert Moutier).

Mais ce grand écart parvient néanmoins à conserver sens, exploit sans doute rendu possible par la démarche d'un réalisateur qu'on sent vraiment sincère tant dans son abord de la thématique du racisme moderne (d'une valence plutôt positive mais qui cantonne toujours les noirs à leurs habituels clichés) que dans son traitement purement cinématographique : excepté un jump scare inutile, Jordan Peele rend à la perfection le malaise de la réunion familiale, entre banalité du vécu parano du héros (légitime dans ce contexte social qualifié par le réal de "mensonge post-raciste" de l'ère Obama) et fantastique authentique.
Les séquences de transe dissociative hypnotique sont également très bien rendues, avec cette belle mise en image de la passivité spectatrice. La scène de conclusion m'a un peu fait tiquer et je n'ai pas été tellement surpris de constater que la fin alternative (en fait l'originale) correspondait exactement à ce à quoi je m'attendais. Les scènes coupées montrent d'ailleurs 6 versions de cette nouvelle fin (dont une avec la réplique que je pressentais - Jordan Peele, sors de ma tasse de thé !), ce qui témoigne d'une certaine hésitation sur le ton à lui donner.

Get Out offre ainsi une vraie proposition de cinéma divertissant, dont le tâtonnement dans différents directions surprend dans cette ambiance hollywoodienne très calibrée et explique sans doute la fraicheur ressentie à sa découverte.