I told you so
Bon, pour ceux qui n'ont pas vu le film, passez votre chemin. Ce qui m'a attiré de prime abord, c'est le "genre : horreur" annoncé par la com sur la toile couplée au pitch: "Chris est noir. Chris...
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le 22 mai 2017
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Je suis très très étonné que ce film soit unanimement apprécié car il n'est clairement pas politiquement correct. Après quand on entend ce que les gens en disent, on comprend assez rapidement qu'ils n'ont rien compris, en particulier car ils parlent de racisme qui serait le thème central de ce film. Il n'y a pas de racisme dans ce film.
Critiquer les vilains racistes et les républicains, ça il y a tripotée de films et séries grossières qui savent faire. Bouh le vilain blanc de droite qui n'aime pas le gentil noir... sauf qu'en réalité c'est toujours plus complexe que ce qu'on nous montre dans ces oeuvres de propagande grossière, il n'y a pas une haine qui repose sur une couleur de peau, mais la couleur devient l'élément de reconnaissance d'un ensemble de choses réelles ou fantasmées, que le raciste peut réellement reprocher à la victime du racisme ou plus généralement il est assimilé à d'autres de ce groupe qui eux en sont coupables et prend pour eux. Ces choses peuvent être des moeurs différentes, de la violence, des politiques de quotas et de discrimination positive... voire du pure délire reposant sur des légendes. Bref il y a un véritable problème avec une souffrance des deux côtés et le racisme n'est que l'expression du ressentiment de l'une des deux parties envers l'autre, et ce n'est pas manichéen du tout avec le bon vs le mauvais identifiables facilement.
Mais ici ce n'est pas le cas, ici on s'attaque aux démocrates, aux progressistes américains qui embrassent la cause noire, qui trouvent Obama "trop cool", la culture afroaméricaine trop top, qui ont adopté au fur et à mesure, Jazz, puis soul, funk et rap. Mais voilà ces petit gars ils ont un gros soucis, les démocrates c'étaient les esclavagistes. Oui Lincoln le sauveur était républicain, le parti de Trump Reagan ou les Bush, alors que les états confédérés esclavagistes et les propriétaires des plantations étaient eux démocrates. Bref quelque part le démocrate c'est un peu le gars qui a exploité les noirs à mort, d'abord en le faisant bosser pour lui avec des chaînes, puis ensuite en le faisant bosser pour lui sans les chaînes mais contre un salaire de misère, puis qui lui a volé sa culture pour se faire du fric avec... Le démocrate, il aime l'afroaméricain, il l'aime tellement qu'il en abuse. Un peu à l'image d'un vieux grincheux casanier qui n'aime pas les enfants et leurs nuisances, ce vieux est un peu le républicain raciste pour les enfants, alors que le démocrate c'est le pédophile. Qui est le pire finalement ? Ces démocrates allant même jusqu'au foutage de gueule ultime de prendre le fruit de l'union d'une blanche américaine et d'un africain, de le présenter par un tour de passe passe sémantique comme afroaméricain, alors qu'aucun de ses ancêtres ne fut esclave aux USA qui eux ne purent porter le nom de leurs ancêtres mais durent se contenter du nom de leurs maîtres, et d'en faire le président. Obama ce n'est pas un nom de blanc ça initialement, alors que Washington (Denzel, Kerry, Isaiah...), Jackson (Michael...), Johnson (Magic, Ben...), Smith (Will Smith...), Armstrong (Louis...), Jordan (Michael , Michael B...) Williams (Serena, Billy Dee ..), Murphy (Eddy...)... ça l'est. Trop cool. Un imposteur donc, un mec dont les promesses principales n'ont pas été tenues -sécu générale, fin de la guerre en Irak et de Guantanamo- ni les promesse implicites -réconciliation raciale générale à cause de son superpouvoir d'homme noir président, au contraire il a accentué les tensions raciales et a créé le terrain pour la victoire de son successeur-. Mais trop cool, d'ailleurs si on avait pu, le démocrate il aurait voté une troisième fois pour lui, parce qu'il a la classe, il n'hésite pas à jouer au basket devant les caméras... D'ailleurs c'est un peu la même idée d'imposteur quand on fait interpréter un personnage afroaméricain central au film par un acteur anglais d'origine africaine.
Et donc l'afroaméricain post 2016, si il arrive à sortir d'un milieu contenant des républicains pouvant être raciste, grosso modo qu'il a quitté la classe moyenne dans ses fréquentations, il est vu comme l'être de race supérieure et enviée par la population blanche qu'il côtoiera majoritairement démocrate et un petit peu républicaine non raciste mais qui elle ne s'extasiera pas mais ne le haïra pas pour autant. Donc après lui avoir piqué sa liberté, puis son labeur et sa santé, puis sa culture, puis ses rêves, le démocrate va lui envier son corps, sa génétique et sa peau en particulier.
Et c'est sur cette belle remarque finale du paragraphe précédent que démarre l'idée du film. Des blancs démocrates rêvant de devenir noirs, la race supérieure après deux siècles de domination blanche. C'est globalement ça le message politique du film, et ça n'est pas du tout politiquement correct, car ça critique le camp des "gentils et bien-pensants".
Sur la manière dont c'est amené, c'est relativement bien pensé car le film repose sur deux malaises, le premier est le malaise permanent de l'homme noir qui devient isolé dans un groupe constitué de blancs. Un peu à l'image de Chris Rock qui se plaignait que quand il allait manger dans un resto bien, les seuls mecs qui lui ressemblaient ils bossaient, ceux qui se faisaient servir ils n'étaient pas comme lui. On sent ce malaise dans le kidnapping initial du gars qui dit au téléphone qu'il ne doit pas traîner dans ce quartier blanc, en inversant un peu le soucis de protection classique qu'un blanc aurait exprimé il y a quelques décennies au cinéma en traînant dans un quartier noir à la tombée de la nuit. On le sent aussi via le personnage du copain travaillant à la sécurité de l'aéroport qui le répète sans cesse. Et le troisième personnage qui l'amène est évidemment celui qui prononcera le titre du film "get out" ou tire toi de là. Et ce malaise permanent fait qu'on ne voit pas forcément venir cette critique spécifiquement démocrate, on s'attend à ce que les blancs nous sortent une tenue du KKK ou autre pour justifier une affiliation républicaine.
Le deuxième malaise est lié à un choc culturel. Les afroaméricains présents dans la communauté blanche ont l'air de se comporter étrangement et on se demande ce qui leur est arrivé, si on ne les a pas réduit dans une sorte d'esclavage par hypnose on les obligeant à faire la cuisine, le ménage, le jardin où à mettre des fringues pas du tout adaptées pour quelqu'un de brooklyn et vivant avec une femme de deux fois son âge. En réalité on découvre que ce n'est pas du tout la nature du malaise, en fait si on prend des personnages blancs et vieux avec les valeurs et les manières de leur époque, si on les fait incarner par des acteurs afroaméricains plus jeunes, on provoque un malaise chez le spectateur. C'est à dire que la vision stéréotypée des personnages et en particulier leur couleur de peau selon le spectateur, entraîne psychologiquement le constat d'une situation esclavagiste virtuelle qui n'existe pas. Ça entretient la confusion. C'est très malin.
Le dernier élément qui entretient la confusion est l'interprétation raciste que le spectateur fait d'événement anodin qui ne sont pas racistes, comme le contrôle de police, ou l'arrivée finale de la voiture de police où on se dit qu'il va être désigné comme victime.
Bref un OVNI et une réussite.
Créée
le 12 nov. 2019
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