Après son retour remarqué avec Split en 2017, qui dévoilait dans ses derniers instants qu'il était en fin de compte la suite non-attendue d'Incassable en 1999, M. Night Shyamalan revient avec Glass pour clore une trilogie ô combien singulière.


Ce qu'il y avait de bien avec Incassable c'était tout son questionnement sur l'héroïsme et sur comment un homme ordinaire devient extraordinaire. Avec Split il était surtout question de nature humaine et d'émotions primales. Glass reprend tout ce qui faisait le sel de ses deux prédécesseurs pour composer un film qui nous interroge sur la nature même du super-héros et son utilité. Toujours entre mythe et réalité, le scénario ici s'axe principalement sur le manichéisme, à travers des personnages forts. Il y a là comme une étrange sensation de retrouver les caractéristiques d'un film de super-héros classique, mais pourtant point de Marvel ici, Shyamalan décortique l'ADN du genre super-héroïque pour ramener son postulat sur l'humanité, et les décisions qui en découlent, des personnages.


De la même manière qu'il traitait Signes comme un drame fantastique plutôt que comme un énième film de science-fiction, Shyamalan a à coeur de procurer des réactions et des émotions pour le spectateur face à ces personnages. Glass est un thriller dramatique et fantastique avant toute chose et c'est là que réside sa vraie force. D'ailleurs à bien y réfléchir, il ne pouvait pas en être autrement, car comment traiter de la nature du super-héros en éludant ce qui fait d'abord de lui un être à part entière ? A ce petit jeu là, Shyamalan est très fort puisqu'il n'use pas simplement de son scénario pour le faire mais aussi de sa mise en scène.


Usant à la fois des codes propres aux films de super-héros à base de contre-plongées ou tout simplement de scènes d'affrontements, mais aussi en étoffant l'univers qui compose désormais non plus un seul film sorti il y a vingt ans mais bien trois, chaque détails a son importance. Si bien que l'on en viendrait presque à se dire que tout était prévu d'avance depuis toutes ces années ? Mystère, mais la conclusion est alléchante. Quant au reste du questionnement, notamment dans la narration qui nous pousse à remettre en question la véritable identité de ces personnages, il s'avère en lien direct avec toute la problématique de cet univers.


Le casting n'est pas en reste non plus, Bruce Willis confirme ici qu'il aura donc toujours été parfait sous la caméra de Shyamalan, et l'acteur gagne vraiment à jouer ce genre de personnages. Quant à Samuel L. Jackson, le fameux Mr. Glass dont le film tire son titre, il est au départ déconcertant et gagne en intensité plus le métrage avance, son duo avec McAvoy est redoutable. Parlons-en justement de James McAvoy, si dans Split il était déjà formidable, il est ici phénoménal ! Jouant ses multiples personnages avec une facilité déconcertante et une rapidité d'exécution folle. Du grand art, rien de moins ! Sarah Paulson que l'on ne voit décidément pas assez au cinéma n'est pas en reste non plus et l'intrigue entourant son personnage ne manque pas d'intérêt. On retrouve aussi Anya Taylor-Joy déjà présente dans le film précédent, qui ici aussi demeure impeccable. C'est également un plaisir de revoir Spencer Treat Clark qui revient après toutes ces années pour à nouveau apporter la vérité à son David Dunn de père.


Bref, Shyamalan a réussi son coup et l'amour qu'il porte à ses personnages confère à son long-métrage une ambiance toute particulière. Glass en plus d'être une bonne conclusion s'avère aussi être un film bien fichu et qui redonne espoir en un réalisateur qui semble définitivement revenu d'entre les morts.

E-Stark
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les Podcasts de MoviesNerd, Les films de 2019 que j'ai vus, Films vus et revus en 2019, Les meilleurs films de M. Night Shyamalan et Les meilleurs films de 2019

Créée

le 20 sept. 2019

Critique lue 113 fois

E-Stark

Écrit par

Critique lue 113 fois

D'autres avis sur Glass

Glass
Sergent_Pepper
4

On a tous persisté

On avait décidé de passer notre chemin, après l’expérience collective assez désastreuse du volet précédent. Mais un des cinéphiles en moi, l’optimiste a tout de même entraîné les autres ; comme...

le 11 avr. 2019

99 j'aime

6

Glass
EricDebarnot
8

The house that M. Night lost

Il y a clairement deux manières de regarder "Glass", et le plaisir qu'on en tirera variera du tout au tout. La première est en passionné de culture de super-héros et de blockbusters parfaitement...

le 19 janv. 2019

72 j'aime

13

Glass
MatthieuS
8

Un Night bien plus lumineux

A surprise to be sure, but a welcome one. Cette réplique devenue un meme sur Internet et notamment sur Reddit de l’Empereur Palpatine lors de l’épisode I de Star Wars colle à merveille avec...

le 17 janv. 2019

67 j'aime

6

Du même critique

American Horror Story
E-Stark
7

Les monstres et les hommes.

Un casting de choix pour une série originale, "American Horror Story" se démarque du reste des séries grâce à son traitement particulier, et à la singularité de ses diverses saisons. SAISON 1: Murder...

le 21 mars 2015

63 j'aime

18

Edward aux mains d'argent
E-Stark
10

"Hold me." , "I can't."

Edward aux mains d'argent est l'un des films les plus emblématiques de Tim Burton, mais c'est aussi une œuvre qui marqua une génération de spectateurs. Révélant ainsi au monde le génie d'un...

le 31 mai 2013

56 j'aime

7

Mommy
E-Stark
10

"Ça n'arrive jamais dans la vie d'une mère, qu'elle aime moins son enfant."

Auréolé du Prix du Jury au Festival de Cannes 2014, "Mommy" le cinquième long-métrage de Xavier Dolan n'a pas manqué de faire parler de lui. Le réalisateur compte probablement autant d'admirateurs...

le 9 oct. 2014

40 j'aime

6