Ayant récemment revu Knives Out, je pense que cette critique sera un doublé !
Je passerai sur le passage chez Netflix assez ubuesque et la mise aux enchères de ce qui, vraisemblablement sera une franchise, les placements de produit Apple confondants et une certaine hypocrisie du discours. Soit.
Le charme de Knives Out résidait beaucoup dans le contre pied de son modèle Poireau. Fan de whoddunit j'avais adoré à la fois être flatté par le clacissime du bazar : la ribambelle de personnages, l'écrivain dans son manoir, le détective rigolo qui a un coup d'avance... Et à la fois gentiment être bousculé dans mes attentes par un discours d'actualité ère Trump, quelques partis pris stylistiques punchy, un côté parfois "camp" assumé, et une fin... Juste!
L'exercice d'équilibriste, contre toute attente, fonctionnait parfaitement.
Glass Onion reprend une recette qui se rapproche plus d'un Meurtre au Soleil mais la mayo ne prend pas.
Là où Knives Out avait ses personnages "classiques avec un twist" mais bien caractérisés et surtout véritablement écrits et incarnés, on se retrouve ici avec des genre de tropismes critique du XXIeme siècle. Pourquoi pas? Mais, comme je l'ai lu déjà dans d'autres critiques on se retrouve sur un syndrome "Don't Look up", ce ne sont plus des personnages, ce sont des caricatures lisses, sans complexités, ayant d'ailleurs un temps d'image très limités, surtout pour les besoins de l'intrigue. On ne s'y attache pas, on ne les déteste pas non plus. Pourtant on voit les similitudes avec Knives Out "mais c'était bien pourtant, qu'est ce qui s'est passé?".
Eh bien de mon point de vue, la construction en doublette casse l'ambiance. Là où j'aimais le détective rigolo qui est en fait effacé par l'outsider, elle est ici introduit en seconde partie (cela dit en passant, je me demande si on aurait pas gagné a avoir une mini série plutôt qu'un gros film, bref ) au début rocambolesque pour qui on a bien peu d'empathie. On aime bien les outsiders bien écrit, qu'on voit pas trop venir et qui sont la clé de voute de toute l'intrigue. Là encore, on se répète entre 2 films. Mais le double jeu, qui d'abord apporte un coup de fouet à l'intrigue assez laborieuse de la première partie, patine ensuite jusqu'à une scène qui se veut cathartique.
Et que je te repasse les mêmes scènes "avec un autre point de vue mais en fait pas vraiment " qui nous fait tourner en bourrique et annihile toute cette première partie et ce qu'on en a tiré (a part quelques fusil de Tchekhov gros comme des pastèque-ananas) jusqu'à ce que je me demande quel en était l'intérêt. Bref, l'outsider est présenté à l'arrache, on s'intéresse à peine à son cas. Ci git la portée politiques et le caractère assez touchant et sincère que pouvait revêtir l'infirmière de Knives Out, où au bon moment, on arrêtait de rire pour se poser les bonnes questions et surgissait la dimension fable politique. C'est fini, la bouffonnerie prend le dessus et exit les meurtres, le tragique de la condition d'une femme qui a failli mourir pour réhabiliter sa sœur, c'est la surrenchère, on casse des trucs, on brûle des tableaux (on se demande ce que la Jonconde vient faire dans le bail d'ailleurs) c'est l'arroseur arrosé et toc. Les méchants riches on leur fait dire ce qu'on veut parce qu'ils sont opportunistes et ils pensent qu'à eux.
On s'en tire avec un petit sourire parce que c'est un peu rigolo mais on sait que c'est tout a fait oubliable et qu'on aura sûrement droit à une saga Benoît Blanc qui va s'user un peu plus a chaque histoire. C'est fort dommage.
Au delà de la critique du film, on remarque une certaine rengaines chez Netflix a vouloir produire des satires envers les riches/puissants/le culte de l'argent, une sorte de réhabilitation de la lutte des classes pour les nuls, depuis the Landraumat, I Care a Lot et consorts. Je me demande un peu si l'effet catharsis serait pas juste une autre façon de donner les restes aux spectateurs en espérant que la grogne tombe. Un genre de "Je vous ai compris" du streaming, en espérant, un jour peut être, qu'un film fasse mouche.