D'une richesse insoupçonnée pourvu qu'on veuille bien s'y laisser prendre.

J'avais détesté Marienbab, j'avis détesté l'Immortelle, mais là on est dans une toute autre démarche. Ce film est une ode à Anicée Alvina, construit pour elle et autour d'elle et c'est tout simplement magnifique, les images sont à la fois troublantes et splendides distillant un érotisme subtil. La narration est déroutante mais c'est volontaire, on sait très bien que ces cellules aux murs blancs immaculés gardées par des religieuses n'existent pas, pas plus que les inquiétants sous-sols. Alors, ce qu'on voit ce sont (peut-être) les fantasmes de ses clients (puisque Olga et Anicée jouent le rôle de prostituées occasionnelles) mélangés aux siens (fantasmes lesbiens, fantasmes de domination, fantasmes de sang et de mort). Certes, il faut entrer dans ce genre de film, mais ces demoiselles nous aident bien, il suffit de se laisser entraîner. Le film se veut également un pied de nez aux institutions établies (police, justice, religion, ordre moral). A noter deux curiosités, d'abord la présence furtive (quelques secondes) de Catherine Robbe-Grillet et d'Isabelle Huppert, et puis cette magnifique démonstration d'anamorphoses sur les murs blancs par Anicée Alvina. La scène est d'une beauté à couper le souffle, et si le résultat fascine c'est parce que nous avons vu sa réalisation. Sans cela, le désintérêt remplace la fascination, et c'est sans doute ce que n'a jamais compris Yves Klein.

estonius
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le 25 déc. 2018

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estonius

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