La vie de Jésus, de son entrée à Jérusalem jusqu'à sa crucifixion et à sa résurrection. En vérité, je vous le dis, le film de Duvivier est plus apprécié par les cinéphiles étrangers qu'en France. Il fut d'ailleurs moqué dès avant sa sortie et oublié peu après. Les voies du succès sont impénétrables. Car s'il n'est pas un chef d'oeuvre, Golgotha est loin d'être négligeable de par ses partis-pris, d'une part, et grâce à sa mise en scène, d'autre part. Loin d'être sulpicien, le film se veut "réaliste" et évacue les aspects religieux ou mystiques en privilégiant le social et le politique. Ce qui intéresse Duvivier est moins le personnage de Jésus que les réactions qu'il provoque et les jeux de pouvoir en Galilée. La réalisation de Duvivier est ample et spectaculaire avec de très belles scènes de foule, domaine dans lequel il est remarquable (voir Panique). Il y a peu d'émotion dans Golgotha, c'est vrai, mais la sécheresse de l'ensemble était une volonté du réalisateur. Pour ce qui est de l'interprétation de Le Vigan, elle surprend par une sobriété qui ne confère aucun charisme au Christ. De son côté, Gabin ne méritait pas de s'attirer les quolibets : il n'est pas si mauvais que cela. C'est toutefois Harry Baur, dans le rôle d'Hérode, qui lui va comme un gant, qui se révèle le plus convaincant.