...un grand pas pour le 7ème art!

Cela faisait près de 7 ans que le génie mexicain ne nous avait pas sorti de long métrage. Depuis un certain "Les Fils de l'Homme", épatant à l'époque et qui reste aujourd'hui encore un "must-have" de la dernière décennie.
Voir revenir Alfonso avec cette fois-ci comme projet, une excursion spatiale, et connaissant la minutie du mexicain, la précision de sa réalisation et de ses plans séquences, il y a de quoi laisser rêveur.
Et malgré un développement de plusieurs années, une sortie repoussée d'un an par les studios Warner Bros, le film a (enfin!) vu le jour pour la première fois à la Mostra de Venise 2013 pour le plus grand bonheur de la planète cinéma.

Tout d'abord, Gravity c'est une révolution technique. L'élément déclencheur à tout ça? La "Light Box". Les deux acteurs (Sandra Bullock et George Clooney) ont été enfermés plusieurs heures durant dans ce cube afin de rendre possible la sensation de gravité "zéro". Une caméra y été placée et une plaque tournante, installée sous le plancher, les renversait et soulevait. Un dispositif renforcé par la fixation d'une douzaine de câbles sur les acteurs pour filmer plus facilement l'apesanteur. Au final cette nouvelle technologie aura permis à Alfonso et son équipe une plus grande liberté et la conception de plans séquences tout simplement ahurissant (près de 20 minutes pour l'ouverture du film).

Pour le spectateur la sensation d'immersion est intense. La caméra de Cuaron est magique durant ces 1h30. On a l'impression d'être aux côtés des acteurs, de vivre la même expérience, d'être totalement oppressé par le vide que peut offrir l'espace. On s'accroche à notre siège de la même manière que Sandra Bullock, tentant dans le plus grand désespoir, de saisir le seul câble à portée. Un rendu exceptionnel donc, des sensations uniques.

Et l'un des gros points positifs que peut offrir Gravity, c'est cette absence quasi totale de son dans l'espace (le film possède tout de même une bande-son). Les seuls sons pouvant être perçus, le sont au travers des personnages lorsqu'ils touchent ou heurtent des objets. Rare sont les films à vraiment y faire attention. Et cette inexistence de son, décuple la solitude que le spectateur peut ressentir. Une autre façon bien penser pour faire stresser le spectateur.

Mais si on voit plus loin, Gravity évoque avant tout la "naissance" de l'Homme. Quelques plans ne laissent planer aucun doute et puis ces deux environnements: l'espace et la terre, métaphore sur l'existence. L'espace, symbolise le foetus humain; un combat permanent afin "d'exister", une sorte d'apprentissage de la vie. La terre, berceau de la vie, symbolisant la liberté, la naissance de l'Homme. L'évolution du personnage interprété par Sandra Bullock va dans ce sens ainsi que trois séquences du film assez évocateurs. Alfonso Cuaron se paye même le luxe de faire de ces séquences, les plus belles de l'année. Ce plan final..., à la fois sublime et intense émotionnellement.

Pour ses allusions à la naissance de l'Homme, son expérience immersive en apesanteur et ses plans séquences ahurissants, Gravity est unique et marquera l'histoire du cinéma. Alfonso Cuaron offre une expérience comme on en voit que trop rarement de nos jours. A quand votre prochain film Mister Cuaron?

Et quand en plus de ça un certain James Cameron déclare en Interview pour Variety: "J'ai été abasourdi, absolument terrassé par le film. Je pense que c’est la meilleure photo de l’espace jamais vue, le meilleur film sur l’espace jamais réalisé.", ou encore Buzz Aldrin (le compère de Neil Armstrong en 1969) déclarant pour le Hollywood Reporter qu'il a été impressionné par Gravity, que ce soit au niveau de la représentation de l'espace ou de la psychologie des personnages, il ne faut plus se poser de question et aller voir cette oeuvre qui marquera d'une bien belle empreinte l'histoire du 7ème art.