Ridley Scott est un réalisateur énormément apprécié des cinéphiles. Ses œuvres les plus acclamées telles qu’Alien, le huitième passager (1979), Blade Runner (1982) ou encore plus récemment Gladiator (2000), en ont fait l’un des meilleurs réalisateurs contemporains. Et pourtant, depuis quelques années, c’est un Ridley Scott « fatigué » que l’on retrouve. Il enchaîne des projets très alléchants sur le papier, mais une fois portés à l’écran, c’est une toute autre histoire. Depuis quelques années c’est souvent un sentiment de déception qui prédomine et au niveau des critiques, presses et/ou spectateurs, le succès n’est pas forcément au rendez-vous. Je pense à Robin des Bois (2010) ou dernièrement Prometheus (2012).

Doté de l’un des castings « poids lourd » de l’année et de l’écrivain talentueux, Cormac McCarthy (No Country for Old Men, La Route) qui signe le scénario, Cartel, dédié à la mémoire de son frère (décédé pendant le tournage en août 2012), emprunte t-il la même voie que les derniers projets du réalisateur?

Rapidement, l’histoire du film s’attarde sur la descente aux enfers d’un avocat (Michael Fassbender), attiré par l’argent facile issu de la drogue. Une décision trop rapide pourrait le faire plonger. On a souvent pu lire sur le net ou ailleurs, que ce Cartel se rapprochait du Savages (2012) d’Oliver Stone. Alors, oui et non. Oui le sujet de base est globalement le même : trafic de drogue, cartel, Mexique, etc., mais l’approche est cependant différente. Savages est très « tape-à-l’œil » et possède une réalisation assez dynamique, tout l’inverse de Cartel. C’est là que ce dernier reste plus intéressant que son ainé. Dans le traitement, Cartel est meilleur. Mais « Stop !» à la comparaison.

Mais ce que l’on peut reprocher à ce Cartel c’est d’être pendant près de la moitié du film une coquille bien vide, sans grands enjeux. Les intentions des personnages sont assez floues, les scènes s’éternisent, les dialogues sont pour la plupart ronflants (souvent anecdotiques en plus, ou pas…) et on ne voit pas trop ou Ridley Scott veut en venir. Le film évolue sur un faux rythme sur une bonne partie du film. Mais c’est grâce à une scène clé, présente à la moitié du film que tout va enfin être lancé. Et quand on vous dit qu’un film peut tenir qu’à un fil, ici c’est véritablement le cas (voir le film pour comprendre). En effet, ce « fil » est l’élément déclencheur d’un second acte qui reprend du poil de la bête. Et comme on dit, mieux vaut tard que jamais. Et heureusement…

Dans cette seconde partie le film retrouve de l’intérêt, on s’ennuie beaucoup moins et tout ce dont a eu le droit en première partie trouve (enfin) un sens. L’action se révèle, nous avons même le droit à des scènes violentes pour ne pas dire « trash » (oui on retrouve bien l’esprit de notre cartel mexicain), donc on retrouve espoir, mais sûrement un peu trop tard.

Pour en revenir au casting du film, il a longtemps connu de grands bouleversements : Bradley Cooper et Jeremy Renner « out », Javier Bardem « in ». Angelina Jolie « out », Cameron Diaz « in ». Et pour finir, Natalie Portman « out », Pénélope Cruz « in ». Un véritable défilé de star.

Et, ce casting cinq étoiles est le gros point positif du film. Il porte le film sur ses épaules et évite l’échec total. Michael Fassbender, une nouvelle fois immense, Brad Pitt assure le minimum (en 4-5 scènes pas vraiment le temps de nous faire exploser son talent en plein visage), Javier Bardem et son look extravagant, toujours passionnant à voir jouer, Cameron Diaz, plus sexy que jamais et malheureusement, Penélope Cruz que l’on voit trop peu, sert plus de faire-valoir qu’autre chose. Ce casting réunit sur grand écran reste un « gros kiffe » pour les cinéphiles cinéphages.

Si vous aviez été voir ce film sans connaître le nom du réalisateur, prêt à parier que personne ne se serait douté qu’il s’agissait de Ridley Scott. Alors une fois encore, l’attente n’en valait peut être pas la peine. On sort mitigé voire déçu, mais Cartel est tout de même plus intéressant que la plupart des films traitant du même thème. Il restera comme un film mineur dans la carrière du géniteur d’Alien.

On va tenter de rester positif et se dire que l’Exode que nous prépare ce cher Mr. Scott, une relecture de la célèbre histoire de Moïse, renouera avec un succès critique et populaire. On a envie d’y croire.
Sawyer17
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le 30 oct. 2013

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Sawyer17

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