El famoso mineurs délinquants de 30 ans.

Il est des films cultes comme ça que l'on n'a jamais eu l'occasion de voir, mais dont le titre, les chansons, l'affiche, sont hyper familiers tellement ils font partie de la culture populaire. Grease fait partie de ceux-là, avec en plus une solide réputation. J'ai donc décidé de rattraper enfin mon retard (2021).


Grease est donc l'adaptation d'une comédie musicale à succès. Un film de la fin des années 70 (par le réalisateur du Lagon bleu, j'aurais dû me méfier) et mettant en scène dans une joyeuse et musicale caricature la jeunesse américaine des années 50. Ses histoires de bandes, ses amourettes. Quelle peine ce fut pour moi...


Premier problème : des acteurs de 30 ans qui jouent des lycéens de 17/18 ans, STOP ! J'ai dû faire pause dans les premières minutes pour vérifier sur Wikipédia que je ne rêvais pas. En 1978, l'actrice qui joue Sandy a 30 ans, celui qui joue Sonny a 32 ans, Rizzo a 34 ans (l'âge d'une MILF, pas d'une lycéenne effrontée) ! Le plus jeune du lot, Travolta qui a 24 ans, est censé jouer un grand qui vient d'avoir ses 18 ans... Risible. Je n'aime pas quand on fait jouer à des jeunes adultes des adolescents mais généralement ça passe quand on ne dépasse pas les bornes. Ca passe (tout juste) par exemple dans The Breakfast Club parce que les acteurs ont entre 18 et 24 ans. Idem avec la première série Twin Peaks où ils ont entre 20 et 25 ans. Mais on voit bien que l'on est déjà borderline. Dans Grease, la « suspension d'incrédulité » ne fonctionne tout simplement pas avec moi et j'ai eu l'impression malsaine d'être devant des handicapés mentaux. Parce qu'en plus de tout ça, le film enfonçant le clou en jouant sur la caricature, les acteurs en rajoutent sans limites dans les manières enfantines outrancières, les filles portent des couettes, se lancent des peluches et mangent des gâteaux (on n'est pas loin de se croire dans un porno des années 2000 mais sans sexe).


Je soupçonne d'ailleurs la production d'avoir senti l'absurdité de leurs ados trentenaires car, pour mieux donner le change, tous les autres acteurs ont l'âge de la retraite : on a ainsi droit à une directrice de lycée de 70 ans (Eve Arden, née en 1908 !), même la serveuse du restau/bar a l'air d'approcher les 80... En fait, il n'y a dans ce film aucun être humain de moins de 20 ans. On se croirait dans une dystopie digne des Fils de l'homme.


Vient ensuite l'aspect comédie. Pas drôle. Du tout. En illustration ce détail de scène dans le premier quart d'heure qui donne le ton lourdingue du film : un des potes de la bande à Travolta est couché sur les gradins face à une fille pour essayer de voir sous sa jupe. Il est censé être caché alors qu'il est juste allongé et que tout le monde devrait le voir. Et comme si ça ne suffisait pas, la fille porte une robe longue et épaisse, digne de La Petite Maison dans la prairie, et je ne comprends pas bien ce qu'il pouvait espérer entrapercevoir... Peut-être que ça passerait si la comédie musicale était beaucoup plus symboliste, or l'univers du film reste quand même assez concret. Tout le reste est à l'avenant : grossier. Vous aurez droit aux tartes à la crème, à l'humour niaiseux saupoudré de bons sentiments qui donne envie de se cacher derrière son fauteuil.


Restent les chansons. Certaines sont devenues des classiques, d'autres pas. Elles sont sympathiques, sans plus, mais donnent un peu de respiration dans cette comédie bas de gamme aux chorégraphies bâclées et aident à aller au bout en limitant les souffrances. Peut-être même sont-elles mieux que cela et simplement gâchées par le film, il faudrait que je les écoute séparément.


C'est le lot de chacun, il y a des films dont on ne s'explique pas qu'ils soient cultes.


Travolta reste malgré tout assez plaisant à regarder. Et j'ai trouvé que sortait du lot une actrice secondaire : Stockard Channing (la MILF de 34 ans qui incarne Betty Rizzo l'ado demi-moche effrontée) à qui j'ai trouvé de faux airs d'Elisabeth Taylor. Elle dégage plus de charisme que l'actrice principale (assez transparente), et c'est d'autant plus frappant dans une scène vers la fin où elle danse avec une chemise rouge, lui volant la vedette.

CassioCorp
5
Écrit par

Créée

le 12 mai 2021

Critique lue 138 fois

1 j'aime

3 commentaires

Guillaume

Écrit par

Critique lue 138 fois

1
3

D'autres avis sur Grease

Grease
mistigri
7

Critique de Grease par mistigri

Grease c'est le genre de films qu'on adore détester: débile, kitsch, et une histoire foireuse... et pourtant on peut pas s'empêcher de le regarder (oui vous savez "on est tombé dessus comme ça, par...

le 5 oct. 2010

48 j'aime

5

Grease
Alex-La-Biche
6

Nostalgie d'un beauf

Je me souviens de cette année 1958. De notre dernière année de lycée à moi et mes potes. Juste avant qu'on parte faire la guerre des gangs dans le Bronx. C'était une putain de promo, une promo de...

le 30 juil. 2014

40 j'aime

13

Du même critique

La Maison des bois
CassioCorp
2

Les 50 ans de retard de la télévision française résumés en 7 épisodes

J'ai découvert La Maison des bois grâce à Arte qui en permet le visionnage. Je n'avais jamais vu de film de Maurice Pialat mais une vieille série de la télévision française, certes un peu austère sur...

le 6 avr. 2020

6 j'aime

5

Kimi
CassioCorp
7

Bienvenue à GattaKimi !

Il y a deux façons d'appréhender Kimi : soit en le voyant comme un thriller transposé dans la société contemporaine et on pourra légitimement être déçu par une intrigue déjà vue mille fois s'achevant...

le 26 févr. 2022

1 j'aime

1

Grease
CassioCorp
5

El famoso mineurs délinquants de 30 ans.

Il est des films cultes comme ça que l'on n'a jamais eu l'occasion de voir, mais dont le titre, les chansons, l'affiche, sont hyper familiers tellement ils font partie de la culture populaire. Grease...

le 12 mai 2021

1 j'aime

3