Il ne nous faut pas bien longtemps pour comprendre que ce type était vraiment fêlé. Fêlé au sens téméraire du terme mais fêlé également au sens psychiatrique. Et de fait, le film d'Herzog est bien plus un film sur le mal être d'un homme que sur le bien être des ours. Les nombreux passages où Treadwell fait état de ses tourments en de longs soliloques en pleine nature dressent le portrait en filigrane d'un homme en souffrance, ex- enfant gâté de la middle classe américaine et ex-beau gosse champion de natation promis à un beau parcours universitaire... Sauf que Treadwell décidera de faire son ours mal léché et comme le héros d'Into the Wild prendra ses cliques et ses claques pour le pays des plantigrades. Dont il tombera éperdument amoureux. Jusqu'à la déraison.
Le film, avec une vraie honnêteté, ne nous épargne aucun des griefs qu'on a pu faire à ce Tarzan des plaines d'Alaska, son sens de l'écologie ursine étant essentiellement étalonnée au bien être qu'il pouvait en tirer personnellement, une thérapie par les ours en quelque sorte mais dont ces derniers n'avaient finalement que faire. Et qui, en dernier recours, virent dans le blondinet envahissant une alternative au saumon.
Un portrait qui vaut le détour.
7/10