Gummo
7.3
Gummo

Film de Harmony Korine (1997)

Avec sa forme d'arrosoir multi-directionnel à "choquons-le-bourgeois", Gummo s'est fait plusieurs catégories d'ennemis.
Parmi elles, les amis des bêtes. Ce n'était pas mon cas, dans la mesure où je suis l'auteur de cette liste assumée: http://sens.sc/13msCni ET que les moments de mutilation/destruction/amputation de chats sont tous, nous apprend le générique, simulés.
C'était bien la peine.

Je me suis alors demandé ce qui, à l'instar de ces scènes félines pour le coup anodines, pouvait bien tenir le film en dehors de sa volonté de faire genre "wouah ! quel peinture indé brillante d'une Amérique paumée à la dérive !" vue à peu près 6666 fois depuis des lustres.

Un (long et fastidieux) catalogue.
Ce n'est pas l'absence d'histoire qui m'a plongé dans une torpeur un peu morbide, non, c'est juste cette impression de déclinaison minutieuse de la déviance. Comme si Harmonica, pardon, Harmony Co. avait, préalablement à l'écriture de son script, méthodiquement pointé toutes les afflictions physiques et psychiques qu'il voulait voir apparaître dans son film.

Pipi, caca, vomi, vieux grabataires, racistes putrides, fous déments, saleté, pauvreté repoussante, père qui offre le corps de sa fille mongolienne, albinos pathétique en mal d'amour, nain black homo juif (on le dirait sorti d'une blague de Coluche, celui-là), sourds et muets querelleurs, Jesus-freak lobotomisé, ados adeptes du chatterton sur la pointe des seins… la liste semble sans fin et à chaque scène, on s'entend clamer "check!", pensant même naïvement aux trois quart du film qu'on devrait normalement avoir eu droit à tout, mais non, ça ne cesse qu'avec le générique de fin.

Gummo a de commun avec Springbreakers que si je ne comprends pas complètement ceux qui l'ont détesté, je ne comprend encore moins ceux qui l'ont porté aux nues. Pour quelque scènes réussies, un immense no man's land de grisaille informe et un peu prétentieuse qui ne me semble pas justifier toute l'attention qui lui est portée.

Sur ce, faut que je vous laisse, que j'enfile mes oreilles de lapins et me précipite sur un pont d'autoroute: j'ai terriblement envie de faire pipi.
guyness

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