Gwendoline est une douce curiosité dans le paysage du cinéma français des années 80. Le film de Just Jaekin mondialement connu pour avoir réalisé le film érotique Emmanuelle est effectivement une libre adaptation de la bande dessinée tendance BDSM Adventures of Sweet Gwendoline de John Willie. Gwendoline est un étrange et a priori sympathique mélange d'aventures, d'érotisme , de comédie et d'exotisme le tout dans un esprit serial et BD qui se dévore au second degrés. Si le cinéma de genre italien nous a habitué à ce genre de bis décomplexé il est bien plus rare que ce soit le cinéma français qui se frotte à ce genre de film hybride et melting-pot de culture pop.


Gwendoline raconte donc l'histoire d'une jeune oie blanche qui débarque à Hong Kong avec sa fidèle suivante afin de retrouver son père disparu durant une chasse aux papillons. Sur place la jeune femme s'offrira les services de Willard un aventuriers marin taciturne afin de les conduire jusqu'à la légendaire Terre des Yik Yak , un dangereux peuple d'amazones.


Gwendoline possède vraiment tous les ingrédients d'un formidable cocktail de cinéma bis avec pour commencer un chouette trio de personnages composé d'une innocente jeune fille en détresse mais déterminée (la très jolie Tawny Kitaen), sa fidèle et dévouée suivante en guise de sidekick (Zabou vraiment parfaite dans son personnage) et le bel aventurier ténébreux , machiste et cupide ( le moyennement charismatique Brent Huff) . Le film de Just Jaekin est même plutôt généreux dans ce qu'il propose à l'écran nous offrant de l'aventure, de l'exotisme, de l'humour, des combats, du kung-fu, une touche de gore, de l'érotisme, du fantastique, un savant fou, des cascades, une méchante de cartoon, des costumes exubérants, de la réplique badass, des cannibales, des pirates et même un crocodile en plastique. Oui tout est bel et bien là pour faire de Gwendoline le divertissement bis ultra-jouissif qu'il devrait être, sauf que la réussite d'un bon cocktail tient toujours du savant dosage des ingrédients avec lesquels on le compose et de leurs qualités respectives. Le problème avec Gwendoline c'est que le film est toujours sur le fil entre le premier et le second degré et que Just Jaekin ne semble jamais totalement croire à ce qu'il raconte truffant son film d'un humour assez systématique comme une façon de dire en boucle que tout ceci n'est pas bien sérieux. Certains trouveront que ça participe au charme du film, mais moi ça me met à distance d'un récit auquel j'ai besoin de croire même si on me raconte la plus improbable des aventures. Du coup j'ai du mal à comprendre pourquoi mettre un bruitage de cartoon lorsque un méchant se prend un coup de grappin dans les fesses, pourquoi certaines répliques semblent écrites par un enfant de dix ans et globalement pourquoi faire ce genre de film si tu n'y crois pas toi même. J'aime lorsque le second degré se révèle par des petites touches d'humour et moins lorsque c'est un constant et dégoulinant nappage, même si Gwendoline doit se regarder sans trop se prendre au sérieux il n'empêche que le film devrait l'être un peu plus


Gwendoline est aussi un film assez mou et paresseux qui ne semble jamais en mesure de régler le curseur entre le trop et le pas assez. Quasiment toutes les séquences de combat entre notre trio d'aventuriers et les amazones de Yik Yak sont bien foireuses, mal chorégraphiées et complétement ringardes tout comme cette course de chars tirés par des amazones en guise de chevaux qui est totalement ridicule à l'image surtout lorsque les véhicules font des cascades comme si il roulaient à vive allure (mais c'est assez drôle). Dans le registre du too much il convient de saluer la performance de Bernadette Laffont en roue libre en reine de tribu qui en fait beaucoup trop pour ne pas être autre chose que risible et pas assez pour atteindre l'exubérance caricaturale d'un bon gros vilain de cartoon. Et finalement tout est un petit peu comme ça dans Gwendoline , entre le trop et le pas assez, n'embrassant jamais tout à fait le premier degré du cinéma bis ni la folie d'un univers plus décalé et ouvertement parodique. C'est d'autant plus dommage que le film possède un certain charme et même quelques points forts positifs à commencer par les costumes parfois délirants et ses aspects de vieux serial d'aventures. On aurait aimé également que l'univers de ce peuple légendaire d'amazones soit bien plus développé dans le récit plutôt que de se contenter d'un étalage de machines absurdes vaguement SM dont ne comprend pas bien l'utilité et de figurantes aux coupes de cheveux improbables qui font potiches le téton à l'air en arrière plan. Et c'est bien ça le plus agaçant c'est que le film avait vraiment du potentiel si il avait réussi à doser son équilibre avec un peu moins d'humour enfantin, un peu plus de contenu mature et adulte et surtout une mise en scène plus percutante lorsque le récit s'emballe un peu.


Gwendoline n'est au final pas très loin du sympathique nanar, le film de J*ust Jaekin* reste un divertissement agréable mais bien loin de ce que l'on pouvait espérer d'un tel projet.

freddyK
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le 18 févr. 2021

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