Michael Mann vous présente ses vacances en Asie

Il manque à Blackhat la passion, la virtuosité, quelque chose qui viendrait rappeler qu'on n'est pas dans un thriller lambda réalisé par n'importe quel yes man. Michael Mann semble une fois de plus davantage attiré par l'atmosphère des lieux que par l'histoire, ce qui n'a rien d'étonnant. Sauf qu'ici quelque chose coince, comme si Blackhat roulait en pilote automatique.


En panne d'inspiration, le réalisateur peine à communiquer ce qui l'a attiré dans le choix des lieux de tournage. Comble de l'absurde, le terrain du dénouement, qui prend place lors d'une scène de fête, a bien du mal à s'imbriquer dans l'histoire. Impossible de ne pas se poser des questions lorsqu'on voit les protagonistes s'enfoncer au milieu des danseurs au lieu de se rencontrer tranquillement près du public. Oui, c'est plus sympa de filmer une fusillade au milieu de dizaines de figurants costumés qui portent des torches, mais honnêtement à l'écran c'est du gros n'importe quoi.


Du coup, Hacker devient effectivement un thriller bien lambda qui se suit avec un relatif intérêt, mais sans grande excitation. Le scénario, qui a le mérite d'explorer une thématique bizarrement encore assez peu exploitée dans le cinéma, abonde en rebondissements, ce qui aide à passer l'éponge sur des méchants bien cons-cons et une romance prévisible qui semble avoir été développée principalement dans le but de distraire les pisseuses ayant fait le déplacement uniquement pour admirer les pectos saillants de Chris Hemsworth.


En parlant de ce dernier, difficile de ne pas émettre quelques réserves. Il y a parfois du bon, quand on choisit un acteur, d'aller à contre-courant, de ne pas plonger tête baissée dans les gros clichés. Mais là il y a peut-être exagération, parce qu'entre le lieu commun du boutonneux pâle à lunettes et le body-builder péroxydé qui maîtrise le combat rapproché et les armes à feu, il y a peut-être deux ou trois canyons de trop. Et pour les mêmes raisons, je tique aussi sur le choix de Tang Wei. C'est bien glamour tout ça, mais pas forcément de la plus haute crédibilité.


Voilà, j'ai pas grand chose à rajouter sur ce film qui a peu de chances de rester dans les mémoires, c'est dire si le visionnage m'a enthousiasmé...


Ah si. Pour la dernière fois : un texte qui s'affiche sur un écran d'ordinateur, ça ne fait pas de bruit. Alors arrêtez. Merci.

magyalmar
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le 20 juil. 2016

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magyalmar

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