‘Seppuku’ démarre comme un véritable chef d’œuvre. Au-delà de la réflexion sur l’honneur, il n’y a qu’à voir le phénoménal seppuku de Chijiwa en introduction pour découvrir la force de l’œuvre. Force qui s’étiole malheureusement au fil du récit, sans jamais retrouver son élan initial.

Le contexte d’énonciation est tout à fait pertinent dans un premier temps. L’intendant qui raconte le traitement du samouraï Chijiwa, puis Tsugumo qui raconte à son tour son histoire, chaque fois sans qu’on ne perde le lien avec le présent : ces récits dans le film captivent sans effort. Toutefois, le principe découvre vite ses faiblesses. Non seulement la vie de Tsugumo finit par lasser en s’étendant en longueur, mais surtout, le spectateur est amené très vite à faire le rapprochement entre Tsugumo et Chijiwa. Dès lors, on devine rapidement où le vieil veux en venir, et le récit n’apporte plus d’autres éléments que des prétextes pour prendre en pitié le jeune rônin. En ce sens, le film devient trop évident dans ses intentions, et on regrette le débat qu’il lance par la suite soit aussi borné.

‘Seppuku’ offre en effet une vive critique de l’honneur prôné par la civilisation japonaise. Toutefois, le manichéisme des personnages atténue la pertinence du débat. La maison Saito n’éprouve aucun doute quant au traitement cruel qu’elle a infligé à Chijiwa, et ne laisse même pas Tsugumo faire seppuku. Les arguments avancés par ce dernier sont évidemment marquants, notamment lorsqu’il rapporte la couardise des hommes qui ont exécuté Chijiwa, mais la vanité du débat réduit l’impact de ses propos.

En revanche, la réalisation de ‘Seppuku’ est de qualité. Parfaitement mis en scène, la photographie est superbe, même si l’environnement reste toujours le même. On regrettera d’ailleurs que les splendides passages en extérieur soient si courts et si rares. D’autant plus que le combat final n’est pas particulièrement enthousiasment, encore une fois la faute à un rythme défaillant, alors que le duel dans la plaine avait de ce côté plus d’intérêt. Au moins, la bande-originale est tout à fait adéquate.

Une introduction phénoménale sur une réflexion sur l’honneur, suivi par une baisse de régime.
Kroakkroqgar
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le 31 août 2014

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