C’était mon premier film de Kobayashi, et visuellement, j’ai été soufflé. La mise en scène est incroyable, la photographie somptueuse, chaque plan est travaillé avec une précision folle. Le film est déjà magnifique tout du long, mais dans sa dernière partie, il décide de devenir un chef-d'œuvre absolu. J’ai ressenti exactement la même montée d’intensité que dans la scène du cimetière dans Le Bon, la Brute et le Truand, quand Tuco court entre les tombes. Cette sensation rare où le cinéma dépasse le cadre. J’étais accroché à l’écran.
Le jeu d’acteur est un autre point fort monumental qui m'a fait accrocher. Tatsuya Nakadai, dans le rôle de Tsugumo, est juste exceptionnel. Il est longtemps statique, assis dans cette cour austère, mais tout passe par son regard, sa posture, ses silences. Et quand il finit par se lever, tout change. Sa manière de se mouvoir, de chuter, de chanceler, de traverser les couloirs, c’est d'un réalisme et d’une intensité folle. La scène où il jette les chignons par terre, en riant, est inoubliable.
Et puis ces plans avant le duel, dans la forêt de bambous… Les décors, le vent dans les feuillages, l’usage du silence et de la musique... c’est tout simplement sublime. Le vent, justement, aussi bien dans l’introduction du duel que pendant le combat lui-même m’a profondément marqué. Il apporte une énergie visuelle et émotionnelle incroyable au film. Je ne saurais pas dire exactement pourquoi, mais ici, le vent, le mouvement des bambous, des herbes, des éléments autour… tout cela m’a vraiment frappé d’un point de vue esthétique.
Le récit, profondément tragique, est aussi une critique acide du pouvoir, de l'hypocrisie et de l'honneur vide de sens. Le final, bouleversant et d’une tension folle, laisse un goût amer, mais nécessaire.
Un immense film, viscéral, maîtrisé, bouleversant. C’est clairement un pilier du cinéma japonais, et même du cinéma tout court. J'ai adoré!