Nouveau changement de réalisateur pour la saga Harry Potter. Maintenant, c'est David Yates, connu principalement comme réalisateur de télévision, son travail le plus célèbre étant la (réussie) mini-série politique Jeux de pouvoir. Or, Yates apporte justement cette dimension politique à L'Ordre du Phénix, ce qui est nouveau et salutaire. Corruption de la presse, entreprise de désinformation, manque de courage de la classe politique, paranoïa des puissants qui veulent à tout prix conserver leur pouvoir... Le procès de Harry au début du film n'est pas sans évoquer l'Inquisition où sous la solennité des robes de magistrats se dissimule la corruption. Tout est fait pour accentuer cet aspect du film. La photographie est grisâtre, le Ministère de la Magie (excellent décors très bien utilisé) est un lieu sombre en accord avec les temps sombres que dépeint le film.
De même, Poudlard devient un microcosme figurant un régime totalitaire en miniature. La prise de pouvoir de Dolorès Ombrage (excellente Imelda Staunton) mène à l'instauration d'un régime dictatorial (comme le montre la symbolique lourdingue de l'oiseau en papier volant dans les airs avant d'être réduit en cendres). Or, ce type de régime amène immanquablement une révolte et des dissidents (ici l'Armée de Dumbledore), ce qui conduit à une répression violente (les châtiments corporels) doublée d'un appel à la délation et à la création d'une milice. Et apparaît également une volonté de tout contrôler, d'uniformisation (tenues strictes, loisirs encadrés, divertissements réglementés, éviction des indésirables). Tout ça est loin d'être inintéressant.
Mais le film souffre d'un vrai problème de rythme et de priorité. David Yates se concentre parfois sur l'anecdotique (les scènes interminables de l'AD) au détriment de l'essentiel. Je pense notamment au lien entre Harry et Voldemort et comment celui-ci affecte la personnalité de notre héro (car il a beau dire qu'il est toujours en colère, ça ne se voyait pas beaucoup...).