Il faut partir d'un préalable. J’adore les comics de Mignola. J'ai toute la série principale d’Hellboy et une partie des (trop) nombreux projets annexes.
Pour vous dire, la version de Del Toro ne m'avait pas enthousiasmé outre mesure.
Pour cette version-ci, j'avais de nombreuses craintes, car il aborde la fin du cycle principal d'Hellboy. Donc pour le reboot, Neil Marshall décide de commencer par la fin. Curieux. Je craignais un grand écart entre les origines et la fin. Pour le coup, le réalisateur nous l'a (presque) épargné.
Pour le reste, c'est assez affligeant. Le film en soi n'est pas très intéressant, car très prévisible et souvent inutilement gore. Ne parlons pas de la bande-son souvent inadaptée. Je ne voudrais même pas ça pour un film sur Green Lantern.
Et le fan du comics n'apprécie pas du tout la réécriture du personnage. Hellboy devient tout à coup geignard et Trevor Bruttenholm un tueur cynique. Etonnamment, seule Milla Jovovich s'en sort bien en Vivian Nimue. Clairement, nous n'avons pas lu les mêmes BD. Où sont le flegme et l’humour froid d’Helboy ? Où sont la science et la patience du professeur ?
Et je passerai sur le fait que cette histoire de fin de cycle, qui est grandiose en BD, conduise à une conclusion aussi anecdotique.
Mais ce qui m’a donné le coup de grâce, c’est le générique de fin. Voir que Mignola a cautionné ce projet, cela creuse mon ulcère.
« Je suis un genre de co-producteur exécutif bizarre. Je ne suis pas sûr en fait de ce qu'est mon titre mais contrairement aux films de del Toro où j'étais impliqué dans la pré-production et le design, je ne fais rien de ceci cette fois. Quand la décision a été prise de faire un autre film, j'étais impliqué en disant "Si vous faites cette histoire, ne faites pas ceci, ou cela, changez ça." Christopher Golden (ndlr : scénariste du film) et moi avons écrit quelques ébauches du scénario et l'avons mis sur les rails, puis la décision de faire un reboot à été prise. Comme je ne fais pas grand-chose, j'ai discuté avec le concepteur de la créature et le maquilleur pour trouver le look d'Hellboy et sa main, ce genre de trucs. » (Propos de Mike Fignola dans The Verge, repris par Allociné)
Après avoir lu cette citation, c’est peut-être le manque d’implication de Mignola qui me sidère le plus. Il va casser les pieds à un Del Toro honnête et engagé dans son projet, mais laisse passer un truc pareil.
« Dès le premier jour, le film a choisi de prendre une direction horrifique plutôt que fantastique à la manière de del Toro. Quand Neil [Marshall] est arrivé, on a décidé de faire un film R pour qu'il n'ait pas les mains liées, qu'il puisse faire quelque chose d'aussi sombre et dur qu'il le souhaiterait. J'étais un de ses fans, et quand il est monté à bord du projet, je savais que ça allait être génial : on pourrait vraiment faire un film d'action horrifique. [...] Je crois que Deadpool et Logan nous ont aidés à faire un film R et le ton sera proche de Logan d'ailleurs, sombre et dur mais pas quelque chose qui cherche à faire étalage de membres coupés. »
Raté.
Après ce film, je reste convaincu d’une chose : Hellboy n’a d’intérêt qu’en BD. Les clair-obscur de Mignola ne s’adaptent pas. Ils sont sublimes, Hellboy est une grande saga. Pourquoi en vouloir plus ?