La France a du talent

Après Brice de Nice, James Huth continue dans le n'importe quoi humoristique pour ados en réalisant et co-scénarisant une péripétie fantastique où un ado découvre que son nouveau portable est capable de réaliser tous ses souhaits. Une idée foncièrement géniale et bienvenue dans le cinéma de genre français. Sauf que le film est réalisé par James Huth et qu'il se passe en 2007... Écrit par des vieux qui pensent savoir comment pensent les jeunes, réalisé n'importe comment avec la fougue d'un ado justement, interprété par la crème des têtes à claques français, Hellphone est un ratage intégral qui aurait pu être sincèrement cool quelques années plus tôt mais qui ressemble plus ici à une parodie de comédie fantastique jamais drôle, jamais fun, enchaînant les séquences de malaises les unes après les autres.

2007. Le film se déroule en 2007 et t'explique que Sid (le nom américain de vrai bad boy) n'arrive pas à pêcho Angie, une pimbêche manipulatrice de dix ans son aîné, parce qu'il a pas de portable. Pour rappel, Sid c'est l'ex-enfant de chœur des Choristes qui casse son image comme un parpaing dans une vitre de sucre et Angie, c'est Jennifer Decker, 25 ans et qui veut nous faire croire qu'elle est encore en Terminale. Bref, Sid va s'acheter un téléphone dans une parodie de magasin chinois pour une séquence gratuitement raciste (ah non c'est vrai, les Chinois c'est pas du racisme). Dès lors, il devient encore plus cool qu'avec son skate et son t-shirt AC/DC mais pas encore assez puisqu'un portable rouge ça suffit pas pour épater la galerie ni pour échapper à trois parodies de bullies fringués n'importe comment, sorte de mix entre Tony Manero et les BB Brunes.

Mais quand son portable va lui permettre d'exaucer ses fantasmes les plus dingues, Sid va peu à peu devenir fou, pris au piège par la tentation du mal du portable maléfique. Épisode de Chair de Poule à la française, débordant d'idées saugrenues qui ne trouvent jamais leur ton, boursouflé par une mise en scène inutilement tape-à-l’œil (Huth expérimente TOUT ce qui est possible de faire avec une caméra et c'est vraiment fatigant), une américanisation ringarde de Paris et une galerie d'acteurs à gifler, adultes comme ados. Faire un film à l'américaine, ça marche pas. Faire un film d'ados où les protagonistes se comportent comme des personnages de pub des années 90, ça marche pas.

Comme pour Brice de Nice, le réalisateur essaie de se la jouer cool et branché mais ne propose - encore une fois - qu'une parodie nauséabonde, presque soporifique en dépit du nombre incalculable de plans et jamais, au grand jamais, amusant. Les références à la pop-culture semblent dépassées, les blagues boutonneuses volent bas, les personnages sonnent terriblement faux (TOUS, SANS EXCEPTION), les rares passages horrifiques soft sont ratés... Le film déborde de honte : pour les scénaristes, pour les acteurs, pour l'image du cinéma français. Si le film est destiné aux jeunes, ils ont probablement dû quitter la salle, même à l'époque.