Hémoglobine
3.4
Hémoglobine

Film de Peter Svatek (1997)

Il est des jours où l'on fait des acquisitions hasardeuses, plutôt stimulantes à première vue, mais qui mettent nos instincts de dénicheurs de péloche en alerte, devant quelques détails qui ne trompent pas (une jaquette qui donne de la référence à Alien et Total Recall, qui n'ont aucun rapport avec le sujet du film). Ainsi, on acquiert Hemoglobine, un film d'horreur fantastique tourné au Canada pour trois franc six sous, et au pitch prometteur...


Avouez qu'on avait envie de s'y laisser prendre, à une telle arnaque ? Un script pareil a tout du projet stimulant ! Inceste, sexe, pulsions, monstres consanguins, et une histoire de famille malsaine comme on les aime. Et le film plante son sujet plutôt intelligemment (si la maigreur du budget saute aux yeux, les 30 premières minutes s'attaquent assez bien au sujet, avec un décor insulaire plutôt réussi (un peu refermé, mais moins cliché que les ambiances habituelles). En fait, au vu de l'ambiance et des protagonistes (un descendant de la famille Strauss atteint d'hémophilie et sa femme), on penserait avoir affaire à une adaptation de Poe, plus particulièrement de la Chute de la maison Usher à l'échelle d'une île. On aura aussi droit aux interventions du briscard Rutger Hauer, qui vient jouer à contre-emploi le rôle d'un médecin envoyé au fond de la cambrousse par d'anciens employeurs désireux de se débarrasser de lui. Et pendant ce temps, par décret préfectoral, le cimetière du village est entièrement déterré pour récupération de cercueils, et l'on découvre que la plupart des tombes ont été profanées (sans marques extérieures) et que les cadavres ont disparus. Il faudra un certain temps pour comprendre que nous avons affaire à des descendants de la famille Strauss, muté par consanguinité et qui vivent dans des souterrains creusés partout sous l'île. Le récit tente alors de s'orienter vers un trip à la Colline a des yeux, nos monstres étant cannibales.


Passionnant, n'est-ce pas ! En tout cas sur le papier, parce qu'à l'écran, c'est une belle débâcle. Le film plante ses éléments avec la mollesse du caramel fondu, et avec le rythme d'une tortue victime d'arthrite. Rutger Hauer fait à ce titre peine à voir tant son personnage manque de charisme et de motivation à jouer son rôle. Seul l'hémophile semble être un peu concerné par son rôle, mais vu qu'il est chétif, il ne bougera pas beaucoup pendant tout le film. Et on pourra émettre des doutes sur l'épilogue final qui organise une réunion de famille sans grand charme (on se doutait qu'il retournerait aux tendances familiales, mais oser expédier cela de cette manière...). Le film commet aussi des fautes de goût impardonnables, comme cette autopsie d'un des descendants Strauss, qui possède un penis et un vagin fonctionnel. On aura droit à Rutger extrayant du liquide séminal de ce dernier, prouvant la capacité de ces êtres à se féconder eux mêmes. Heu... Non, ça ne passe pas, ça. Et pour la partie Colline a des yeux, ne pensez pas que ça va bouger. Soit les monstres tirent les personnages dans des trous qui apparaîssent sous leurs pieds, soit il tentent de ramper mollement (ils n'ont plus de jambes) vers leurs proies qui ne tentent pas de fuir alors qu'il y aurait moyen de les distancer en marchant (et on aurait le temps de faire une pause pour se plier en 4 tant leur menace est ridicule). Un film qui gâche clairement ses éléments au fur qu'il avance dans son récit, mais qui partait sur des bases très intressantes. Dommage qu'il sous-exploite ses meilleurs thèmes et qu'il pisse sur les autres.

Voracinéphile
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le 4 déc. 2015

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