Inspiré du très réussi livre éponyme de Laurent Binet, HHhH raconte l’un des faits les plus marquants de la résistance contre le IIIe Reich. Ainsi, le 27 mai 1942 « l’homme au cœur de fer », selon les mots du führer en personne périt des suites d’un attentat perpétré à son encontre par deux jeunes tchécoslovaques.
La première partie du film, comme celle du livre, est consacrée à cet homme. Surnommé « Le bourreau », « Le Boucher de Prague », ou encore « Le cerveau d’Himmler {Himmlers Hirn heißt Heydrich} », l’homme le plus dangereux du IIIe Reich était non seulement le directeur du RSHA (office central de la sécurité du Reich, comprenant pas moins que la Gestapo et la police criminelle), le protecteur de Bohême-Moravie mais également l’instigateur de la « solution finale ».
A travers l’interprétation impeccable de Jason Clarke, on suit ses différents états de service. Acteur principal captivant, réalisation soignée, atmosphère froide, la première partie est plutôt réussie (si on peut faire fi du fait qu’un biopic sur des allemands, tchèques et slovaques soit réalisé dans la langue de Shakespeare avec des interprètes exclusivement anglo-saxons).
Mais arrive alors la seconde partie du film. Et là, grosse perte de rythme. Acteurs pas suffisamment charismatiques (voire pas charismatiques du tout), romance pas crédible pour un sou que le scénariste a pondu juste histoire de mettre une touche romantique, et surtout, écarts grotesques et inutiles avec le véritable déroulement des faits.
Le film se targue d’être l’adaptation du bouquin du même nom, que l’auteur a mis plusieurs années à écrire tant sa volonté d’être proche de la réalité était importante, mais s’en écarte volontiers pour que la chose soit plus « cinématographique ». Jouer ainsi avec l’histoire de véritables héros qui se sont sacrifiés c’en est limite malsain. Puis Cédric Jiménez pousse ce désir de rendre l’histoire plus captivante à l’écran un peu plus loin, en inondant complètement la crypte ce qui donne lieu à de superbes images lors du dernier acte des résistants. Sauf qu’en fait pour que la pièce se remplisse aussi rapidement il faudrait légèrement (mais alors juste très légèrement) plus qu’une simple lance à incendie.
Ça peut paraître bête mais à mes yeux de tels actes héroïques sont trop importants pour qu’on décide de ne pas les mentionner. Ainsi, l’histoire du fermier qui a trouvé les parachutistes perdus au petit matin en suivant les traces depuis leurs parachutes mal camouflés, et qui a décidé de les aider (sauvant ainsi toute l’opération) alors que Heydrich avait exterminé la presque totalité de la résistance tchéquoslovaque ne méritait pas d’être amputée.
En somme, si le film part sur les chapeaux de roues grâce à une prestation d’un Jason Clarke froid et implacable, il s’essouffle par la suite malgré une réalisation plutôt soignée dans l’ensemble. C’est dommage, ç’aurait pu être un super film.
6/10
Mais j’ai adoré le bouquin et l’interprétation de Clarke est implacable, donc + 1.
7/10