Un biopic réussi mais en demi-teinte

Je n’ai pas l’habitude de voir des films japonais, je ne sais même pas si j’en ai déjà vu un, alors que je suis fan de cette culture grâce aux mangas et jeux-vidéos. J’ai donc tout de suite été attiré par ce long-métrage lorsque j’ai vu qu’il traiterait du dessinateur ayant réalisé la célèbre vague. Il me tardait d’attacher une histoire à cette image iconique.

Je n’ai pas été déçu par ce point-là. Le rythme de la narration est rapide et efficace, des scènes courtes s’enchaînent avec peu de dialogues, mais ces paroles sont claires et expriment en une phrase ce qui aurait pu être dit en dix. Il y a également des ellipses temporelles. Cette vitesse n’est pas dérangeante et c’est là la qualité du film. Le tout est très lisible, même si les avances dans le temps sont présentées sans transitions. On les comprend parce qu’elles sont placées à des moments clés, et cela fonctionne.

En outre, ce rythme est changeant, car le film est divisé en deux parties. Une première qui aborde la jeunesse du dessinateur, avec énormément de scènes brèves. Et une deuxième, qui aborde, elle, la vieillesse de l’auteur, avec plus de scènes longues. Cela attache une symbolique à l’âge, celle de la rapidité dans les premières années, et celle de la lenteur progressive dans les dernières. Cela fonctionne et permet de redécouvrir le personnage avec un angle différent grâce au rythme.

Le pari est réussi puisqu’on sent que l’on apprit des choses sur ce dessinateur, l’objectif principal du long-métrage est donc rempli.

Toutefois, tout n’est pas parfait. Il y a trop de scènes courtes dans la première partie et cela nuit au personnage principal. On ne s’y attache que très peu, cela est en partie fait exprès, car il parle peu, mais on devrait avoir un minimum d’affection pour lui, ce qui ne vient pas. Il faut attendre la deuxième partie pour que cela se fasse. Elle réussit à mieux développer le personnage, grâce à des scènes plus longues et une intrigue secondaire, celle du samouraï écrivain, quelque chose qui manque à la première partie, malgré la question de symbolique de l’âge, car cela aurait permis de mieux découvrir le personnage et de s’attacher à lui.

Le sujet du dessin est traité de manière intéressante, grâce à la réalisation effectuée. Les plans où des dessins sont constitués sont réussis, on voit les œuvres se faire, comme si nous regardions un reportage sur la chose, et nous voyions également les poses des artistes et leurs expressions faciales lorsqu’ils travaillent, ce qui permet d’être mieux immergé et de mieux comprendre ce que nous voyons.

Le sujet est également intéressant en terme d’écriture. La question de la passion du dessin est posée avec la confrontation des visions d’artistes, entre ceux qui font ça par passion et ceux qui le font pour vivre, par exemple. Il y a également la question de la censure, et cette idée de la passion qui revient, car elle pousse à s’y opposer. La motivation est, logiquement, aussi au centre du film, et cela rend le tout intéressant.

De plus, nous sommes pleinement immergés dans l’univers grâce aux décors et costumes qui sont très réussis, que ce soit les bâtiments ou les costumes, tout fonctionne même si ce n’est pas très impressionnant, le nécessaire est là, on se sent dans une autre époque sans éprouver la sensation d’un plateau de cinéma. Le seul bémol concernerait les perruques, car beaucoup de personnages ont la même, à cause de la culture de l’époque, beaucoup arborait la même coupe, il aurait donc été compliqué de faire autrement, mais cela se voit et manque de naturel.

SI, la réalisation en regard du sujet du film est réussie, cela est moins le cas en ce qui concerne le reste. Lors des autres scènes que celles qui concerne la réalisation de dessins, la mise en scène est assez plate (exception faite pour celle représentant la mort d'un ami du personnage principal). Par exemple, il y a beaucoup de plans parfaitement symétriques avec le sujet au centre, cela est joli mais pas très intéressant visuellement parlant.

Aussi, le film manque de contextualisation. L’ère Edo est connue dans le monde entier, mais pas dans le détail. Ainsi, on ne comprend pas vraiment les raisons de la censure, ce qui est dommage car c’est un des points majeurs du long-métrage. En comprenant ceci, on aurait pu en apprendre davantage sur l’auteur via ce qui l’entourait.

Hokusai est réussi, le spectateur en saura bien plus sur ce qui se cache derrière ce célèbre dessin de la vague. Le sujet du dessin, en général, est également intéressant, tant au niveau de l’écriture que de la mise en scène. Malheureusement, le film n’est pas parfait, et ne s’incrustera sans doute pas dans votre esprit, faute à une réalisation simpliste et une narration mal gérée par endroit. Si le sujet vous intéresse, je vous conseille tout de même d’aller le voir, car vous trouverez ce que vous chercherez, mais rien de plus.

QuentinFady
7
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le 28 mai 2023

Critique lue 18 fois

QuentinFady

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