Par où commencer ?
En voilà une bonne question. Connaissant sa flatteuse réputation qui l'inscrit dans la lignée de Buddha's palm et Zu, les guerriers de la montagne magique, je m'attendais à un wu xia pian déjanté et psychédélique.
Mais même sachant ça, on ne peut être préparé à ce déferlement hallucinant et halluciné qui redéfinit le terme "Survolté".


Par où commencer alors ? Et bien par des superlatifs tabernacle !!!
Holy Flame of the martial world est donc peut-être bien le film d'art-martiaux le plus fou, le plus inventif, le plus rythmé, le plus invraisemblable et le sans doute le plus savoureux car ce délire absolu ne se prend jamais au sérieux et se muni d'un solide sens de l'auto-parodie avec une ambiance pratiquement cartoonesque qui évite de tomber dans la pure hystérie.
Les acteurs appuient donc la candeur de leur personnage, plusieurs gags sont parfaitement absurdes avec des situations ou des techniques impayables tel le puissant rire qui fait trembler ses adversaires ou le combat démentiel contre une série d'idéogrammes ! Je ne parle même pas de certains intermèdes musicaux qu'on croirait sorti d'une gameboy pour un fou-rire irrépressible.
Du coup, l'ambiance est plutôt à la rigolade décontractée malgré une atmosphère qui aurait pu être bien plus violente et dramatique. Le scénario ne laisse en tout cas pas de temps mort et tous les événements s'enchaînent à une vitesse folle. On a l'impression de voir un roman de 3000 pages condensées en 1h30. Le scénario ne repose que sur un argument assez simpliste, et on remercie encore une fois le partie pris second degré de sa narration. Les personnages sont pour ainsi dire inexistant et certains ne servent par exemple à rien comme le "Snake boy" qui permet uniquement de justifier qu'un personnage féminin gagne des pouvoirs magiques ou que la sœur apprenne la vérité sur la mort de ses parents.
Cela dit, avec sa direction d'acteurs décalé, bon enfant et naïf, les comédiens sont extrêmement attachants et charismatiques. Et bon, je vais pas mentir, l'ensemble du casting féminin est quand même ravissant et irrésistible. De plus, ça fait plaisir de voir un Wu Xia Pian de cette période où les rôles féminins reviennent vraiment sur le devant de la scène et sont tout autant importantes et puissantes que leur homologues masculins.


Et pour être puissant, les affrontements sont déchaînés ! On voit bien que ce qui motive Tony Liu avant tout c'est de s'éclater sur ses chorégraphie et de pousser toujours plus loin les techniques de combats câblés.
Disons-le sans ambages, Holy flame of the martial world est tout bonnement ahurissant sur ce point. Même après avoir vu les autres références du genre, Tony Liu livre un film virevoltant dans tous les sens du terme... et dans tous les sens tout courts. Les personnages ne se content pas de seulement voler d'un bout à l'autre de l'écran, ils exécutent des pirouettes, des rotations, des tourniquets sans cesse avec une vitesse prodigieuse. Le pire c'est que ça n'a pas l'air encore trop accéléré dans l'ensemble.
L'occasion de dire aussi j'étais aussi totalement admiratif de la maîtrise et l'énergie de la mise en scène. Concevoir, chorégraphier, découper, mettre en place les techniques et les câblages ont dû représenter un travail de titan. De plus le montage est incroyablement nerveux sans être illisible. C'est d'autant plus un tour de force que la variété des combats est étourdissant : combat à l'épées, mains nus, pouvoir magiques, fantômes démoniaques (dessinés directement sur la pellicule !), contre des idéogrammes (il faut le voir pour le croire)... sans oublier le rire surpuissant...
Dans l'ensemble, c'est un mélange de tout ça. Le film est donc pratiquement du pur non stop et on sort de la séance lessivé, rincé mais dans un sentiment d'euphorie béat. On était beaucoup d'ailleurs à sortir de la projection à la Cinémathèque avec pratiquement avec des crampes à la mâchoire à force d'avoir un large sourire, renforcé par plusieurs éclats de rire face au délire ambiant.

anthonyplu
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le 17 juin 2017

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anthonyplu

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