Difficile de dire quels serait le verdict si les frères Dardenne se mettaient à œuvrer séparément, mais pour ce qui est des Coen, le résultat, sous nos yeux ébahis, frise la catastrophe. Honey don't!, deuxième volet de la trilogie lesbienne d'Ethan Coen, n'est pas loin de ressembler à une parodie des films des deux frères, ratée et insipide, dans les grandes largeurs. Passé un générique prometteur, le film s'embarque dans une intrigue, ou plusieurs, totalement inintéressante dans une petite ville américaine sans attraits, où le sexe et le meurtre semblent être les seules distractions locales. Hormis son héroïne, incarnée par une Margaret Qualley volontaire et plus cool qu'un détective de Chandler, les personnages sont bien falots, tous caricaturaux et unidimensionnels. On se demande d'ailleurs ce que certains viennent faire dans cette galère. Le cinéaste cherche à l'évidence à établir une connivence avec son public, comme pour lui rappeler le bon vieux temps où les films des frères Coen décevaient rarement et réussissaient à mixer idéalement insolite, densité et virtuosité. Ne reste plus ici qu'un squelette du long métrage espéré, parfois gênant dans l'excès de certaines scènes et, hélas, jamais véritablement drôle, même au deuxième degré.