Ca Continue Encore et en Cornes

Après avoir consacré presque dix ans exclusivement à des projets de remakes (La Colline a Des Yeux PiranhasMirorsManiac ), le frenchie Alexandre Aja revenait enfin à un film un poil plus original avec cette adaptation du roman éponyme de Joe Hill (fils du king Stephen King).


Horns raconte l'histoire d'Ignatius, un jeune homme accusé du meurtre de la jeune femme qu'il aimait éperdument. Un matin, ce jeune homme se réveille avec des cornes qui lui poussent mystérieusement sur la tête. Cet attribut lui permet soudain de faire avouer aux personnes leurs penchants les plus sombres et leurs secrets les plus inavouables. Ignatius va alors utiliser ses nouveaux pouvoirs pour tenter de confondre le véritable assassin de sa petite amie.


Horns propose un curieux mélange des genres puisque le film est tout à la fois un thriller, un film romantique, un drame humain, une comédie et un récit fantastique... Malheureusement, comme trop souvent lorsqu' un film brasse de nombreux genres dans une seule et même histoire, Horns n'est jamais pleinement convaincant dans son ensemble et reste bancal y compris dans les divers univers qu'il aborde. Les deux aspects qui prêtent le plus à la critique sont toutefois le côté whodunit de l'histoire et l'écriture un peu trop grossière des aspects comiques. Sans être rompu à l'exercice, il sera assez facile de deviner bien avant les protagonistes de l'histoire qui est le véritable tueur et qu'elles étaient ses motivations profondes rendant du coup très vite tout le suspens du film totalement caduque. Plus embêtant encore, les longs flashbacks bien trop lourdement explicatifs de la dernière demi-heure du film finissent presque par avoir raison de l'attention du spectateur assommé par tant de justifications sur des faits que l'on a compris et assimilés depuis longtemps.


Concernant l'aspect comique du film, on sent bien le potentiel du pouvoir des cornes du héros qui égratigne la surface des gens respectables pour leur faire avouer leurs petites saloperies ordinaires. Mais malheureusement Horns choisit assez systématiquement l'humour gras qui vise le dessous de la ceinture plutôt que de révéler la véritable noirceur de la nature humaine rendant du coup l'humour du film globalement gratuit, lourdingue et surtout inoffensif. Il y-a certes cette petite fille qui rêve de faire cramer sa mère dans son lit, mais pour le reste entre la mère qui se tape son professeur de golf, le toubib qui baise son infirmière, le type qui montre sa bite et les deux flics qui laissent libre court à leur attirance homosexuelle (et oui !! être gay devient à lui seul un élément comique (??)) , l'humour de Horns vise plus souvent la blague de cul que la critique profonde d'une société puritaine et profondément hypocrite. Le film égratigne un petit peu les journalistes capables de se foutre sur la gueule pour un scoop et les jeunes filles qui rêvent de télévision et de célébrité quitte à y perdre toute dignité mais globalement la critique reste timide et surtout très superficielle.


C'est dans l'émotion que le film devient bien peu plus attachant grâce notamment à Juno Temple toujours aussi parfaite dans le rôle de la petite amie Ignatius et à de très bons seconds rôles comme David Morse émouvant en père rongé par le chagrin et Kelli Garner touchante en jeune fille paumée et facile rêvant d'amour et d'une autre vie. Quand à la romance pure et dur, même si Horns prend le soin de nous raconter une histoire d'amour qui dure depuis l'enfance et l'adolescence entre les deux protagonistes, le film peine à vraiment faire exister cette passion la faute peut être à une construction entièrement faites avec des flashbacks mettant curieusement en avant la passion avant même les premiers émois. Concernant l'aspect purement fantastique il est souvent utilisé comme ressort de comédie tout en restant au service d'un discours et d'une imagerie religieuse bien trop classique pour être un minimum subversive. Il reste bien deux trois débordements gore tardifs mais ils arrivent de manière totalement gratuite à tel point que l'on a la sensation que Alexandre Aja s’est senti obligé in extremis de verser dans l’horreur.


Si Horns reste un bon film plutôt agréable à regarder, il est aussi particulièrement décevant dans son envie de vouloir courir après plusieurs genres sans vraiment en satisfaire pleinement aucun. Il y avait sans doute matière à faire de Horns une œuvre furieusement romantique, subversive et méchante mais le résultat reste dans les convenances du consensus un peu mou et c’est incontestablement sur ses aspects romantiques que le film reste le plus convaincant.

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il y a 4 jours

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Freddy K

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