Les démons de l'ouest ne meurent jamais

Avez-vous joué un jour aux cow-boys et aux indiens ? Moi je dirais oui sans hésité. En effet, quand on était jeune, on avait toujours cette image de voir dans les cow-boys et autres tuniques bleues les gentils et dans les indiens les méchants. Cependant, en grandissant et en voyant d'autres films et autres œuvres, on a vu en ce cliché quelques choses de plus honteux, surtout que dans l'histoire, les grands méchants étaient les colons (du coup, je me fiche pas mal de ceux qui disent que le film d'animation Pocahontas soit respectueux ou non). Mais il y a juste une question ? Es-ce que dans cette configuration, les tuniques bleues étaient-ils vraiment impitoyables et insensibles ou le faisait-il cela par plaisir ? Voici un film qui prend toutes ses questions et les traites avec une justesse rare.



Le cinéma de Scott Cooper



Je ne connais Scott Cooper que pour son film Black Mass (ou Strictly Criminal), un film plutôt moyen avec Johnny Depp et son maquillage effrayant de bandit (et meilleur film avec Dakota Johnson au passage que j'ai vu, ce qui est triste car elle est plus insignifiante que Juno Temple alors que cette dernière n'a qu'un rôle limite caméo). Ici il nous livre un film à l'ambiance lourde et immersive. Je trouve qu'il est très bien structuré et malgré le faite qu'il utilise des effets de mise en scènes démodées comme les transitions en fondues (le dernier film où j'ai vu ce procédé était Iron Man 1, cela remonte à 10 ans !). Cela dit, il nous livre quand même un road movie et un western très efficace et cru qui ne nous épargne rien. Il n'a donc rien à voir avec le coloré d'un Django Unchained, mais plus la rudesse d'un Hateful Eight. Visuellement aussi la mise en scène passe du sombre au plus claire dans une route semée d’embûche. Ici, tout est Hostiles comme dit l'accroche. On ne sait pas où le danger sort ni qui est le plus dangereux des personnages.


La scène de massacre des trappeurs est vraiment saisissante malgré le faite qu'on la voit hors champ. Bref, ils sont châtiés de la même manières qu'ils ont violé


La musique par contre elle est plus anecdotique mais est plutôt classe. Cela dit, le point positif sont les personnages et l'histoire qui sont tous 2 bien menés.



Christian Bale le survivant



Le capitaine J.Blocker est joué par Christian Bale. Il nous livre ici un capitaine meurtrie qui a toujours combattu les amérindiens et est sans pitié. Malgré tout, il accepte à contre cœur la mission qu'on lui a confié d'accompagner Yellow Hawk, leur redoutable prisonnier ainsi que la famille de ce dernier. La guerre de sécession et les combats contre les tributs amérindiennes l'ont marqué au point qu'il n'a pas de famille et qu'au nom de la guerre il a commis des atrocités. Il ne laisse rien paraître mais il a au plus profond de lui honte de ce qu'il est devenu.


Rosalie Quaid (Rosamund Pike) est une veuve qui a tout perdu à cause des Comanches. Traumatisée, elle lutte pour ne pas sombrer dans la folie mais aussi dans la haine irréfléchie contre la famille de Yellow Hawk. Elle accompagne l'équipée car il s'agit de tout ce qui lui reste et du seul repère qu'elle possède. Elle finira par être apprivoisée par la famille de Yellow Hawk et sera proche de la femme de Black Hawk (jouée par Q'orianka Kilcher). La route avec Blocker et ses hommes fera d'elle une femme plus forte malgré ce qu'elle a subit de la part des Comanches et des trappeurs.


Yellow Hawk (Wes Studi, un acteur qu'on a vu dans Danse avec les Loups, Geronimo, le Dernier des Mohican, Avatar, Penny Dreadful) est membre des Cheyennes mourant. Craint par tout le monde y compris J. Blocker, il est atteint de cancer et désir mourir sur la terre de ses ancêtres. Malgré tout il reste un homme d'honneur qui éprouve du respect pour Blocker (et qui sait se battre) et de la compassion pour Rosalie. C'est un personnage assez classe qui aidera à défendre le convoi malgré son état.


Black Hawk (Adam Beach de Mémoire de Nos Pères et ... Suicide Squad .Sérieusement, ce film ne mérite même pas son casting) est le fils de Yellow Hawk et père de famille. Il est assez secondaire mais a un rôle de soutient efficace.


Le Lieutenant Kipper (Jesse Plemons ) est son fidèle second. Il est lui un simple soldat qui suit les ordres et encadre le monde. Il est un élément de stabilité parmi les tuniques bleues.


Tout le contraire de Thomas Metz (Rory Cochrane) qui est un ancien soldat confédéré et ami de Blocker. Lui est très meurtri par ce qu'il a fait subir aux indiens et cherche un moyen de rédemption. Il le trouvera de manière tragique vers le milieu du film.


Ross McCowan et Tommy Thomas (Peter Mullan et Paul Anderson) sont des connaissance de Blocker qu'il fait dans la première ville et qui lui demandent de s'acquitter d'une autre mission. Escorter sergent Charles Wills (Ben Foster) un ancien allié et traître de Blocker à la pendaison. Ce dernier est un personnage qui se sait condamner et qui fera tout pour s'échapper (notamment tuer) et est un dramatique rappel du passé de Blocker et Metz. Il est très cynique envers eux prétendant qu'ils ne sont pas mieux que lui, à savoir des monstres.


Le caporal Henry Woodson (Jonathan Majors) sans être le "black de service" est un personnage sympathique et loyal avec qui Blocker lui a accordé une chance de servir dans l'armée malgré la ségrégation mais qui spoiler, ne fera pas le voyage avec eux.


Et nous avons enfin...Timothée Chalamet ? Wow, il est partout ! 3 films cette année ! Call Me By Your Name, Lady Birds et maintenant Hostiles ! Il est ici un jeune soldat français (on va y revenir) qui est assez hésitant, mais qui se défendra corps et âmes (oui spoiler, il meurt très vite).


Les autres personnages ne sont pas trop importants, mais on peut retenir le reste de la famille de Yellow Hawk, et Abraham Biggs joué par Stephen Lang qui donne la mission.



L'Américain face aux démons de l'Amérique



L'histoire d'Hostiles est très bien racontée et brasse beaucoup de thématique remarquable. La principale est qu'à travers le road movie, on a une transformation de Blocker face à l'Amérique et ses tourments. Déjà, ses hommes sont un bon portrait de ce que l'Amérique a accueilli. Il est un soldat de l'armée yankee, son meilleur ami est un ancien confédéré qui est traumatisée par la guerre, Rosalie est une mère de famille qui a tout perdu mais qui se rapprochera de lui progressivement, Henry Woodson est afro-américain libre mais dont il est reconnaissant de l'avoir accueilli Philippe DesJardins est le soldat français qui étaient les autres colons de l'Amérique, le lieutenant Kipper est un soldat fidèle et droit mais est aussi blond, Yellow Hawk et sa familles sont des Cheyennes, une tribut que les tuniques bleues ont redouté (Yellow Hawk est une référence à Yellow Wolf, célèbre chef Cheyennes qui œuvrait pour la paix). Même les ennemis et épreuves sont des phases qui rythment le récit.


Leur premier combat sont les Comanches qui ont décimé la famille de Rosalie, leur second face à des trappeurs qui ont enlevé Rosalie et Elk Woman et les ont violés et le dernier face à des propriétaires terriens qui se moquent des traditions et d'un ordre des tuniques bleues


Des affrontements qui laisseront des traces et des pertes. Chacun d'eux fait face au coté dur de l'ouest américain et qui les marqueront profondément. Mais une fois le voyage finit, les protagonistes restants vont devoir faire le choix d'une vie de paix ou de poursuivre dans l'ouest sauvage


A la fin tout le monde à l'exception de Blocker , Rosalie et Little Bear (Xavier Horsechief), le fils de Black Hawk ont survécu. La mission finie, Blocker s'apprête au départ à quitter Rosalie et Little Bear dont elle va s'occuper. Mais alors qu'il les voit prendre le train, il monte au dernier moment afin de former avec eux une vraie famille


Cette scène est forte car elle montre le renoncement de Blocker à cette vie de combat et de violence pour une vie de famille. Il a fait face à la dure réalité de l'ouest américain, son passé et choisit d'avancer. Bref, une histoire crue, dure mais très intéressante.



Le westen moderne est toujours là



Hostiles est un très bon film et un très bon western qui n'épargne personne. Violent sans concession, dur mais avec des images très fortes, il est bien mieux que Black Mass et me motive à voir les Brasiers de la Colère du même réalisateur. Bref, un western puissant et inattendu à plus d'un titre.

Créée

le 12 avr. 2018

Critique lue 361 fois

4 j'aime

Neo Cosmic

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