Deux Flics Ami Ami à la Campagne, Actions Explosives

Deuxième opus de la Blood & Ice Cream Trilogy.
Où deux hommes vivent une belle histoire d’amitié entre meurtres et cornets de glace, sur thème cinématographique décliné : ici action policière à l’américaine.


Dès le premier son, une sirène de police, avant le silence dans le commissariat où s’avance Nicholas Angel,



le meilleur flic de Londres,



major de promotion, deux minutes de présentation en montage dynamique : le mec court, s’implique dans diverses activités communautaires, persévère pour améliorer ses lacunes. Un flic nettement plus efficace que l’ensemble de ses collègues, beaucoup trop efficace. Le voilà muté à Sandford, Gloucestershire, « village de l’année je ne sais plus combien de fois ». Après sa rupture difficile avec une fiancée qui ne supportait plus son implication professionnelle, c’est le coup dur pour Nicholas.
« Mais, c’est... à la campagne »


L’accueil que reçoit le lieutenant Angel à son arrivée, d’insultes par-dessus les mots croisés, contient déjà les principaux éléments de l’intrigue : l’antipathie de vieillards réactionnaires et le mystère silencieux et morne de certains jeunes à capuches. Il est question de communication, d’échange à l’autre. Le gars Angel est sur la brèche, toujours en alerte, et ne sait retenir un irrépressible besoin d’appliquer la loi. D’emblée il sort les mineurs du pub, course le premier voleur qu’il croise dans le supermarché, et accompagne en cellule un homme qui s’apprêtait à conduire en état d’ivresse. Danny Butterman, fils du chef de la police locale, qu’il retrouve au matin en uniforme, son coéquipier. Passé le chahut occasionné par son indéfectible zèle, Nicholas Angel découvre un village tranquille, aux apparences calmes.
Ce qui ne l’empêche pas de rester à l’affût, incorrigiblement suspicieux.


« À Sandford, même les grands-mères sont armées »


Le rythme est effréné longtemps. Un démarrage sur les chapeaux de roues, et de suite les premiers jours s’enchainent sur une mise en place intelligemment distillée dans l’environnement, l’ambiance et les dialogues qui construisent chaque séquence. Les raccords hachés, dynamiques, de plans insert pour les ellipses, les mêmes que pour l’épisode Shaun Of The Dead, jusqu’au montage identique de trois plans au wc, confirment l’unité formelle de la trilogie. Les sucreries de l’humour sont là, sourires et fous rires, le savant saupoudrage de comédie dans les dialogues so british, dans les personnages un peu niais qui apprennent à s’ouvrir à l’autre, à grandir sans abandonner leur innocence, et dans les gags évidemment, lors de ce nouveau clin d’œil burlesque à Buster Keaton et aux palissades.


Le sang tarde à jaillir mais l’attente vaut la peine : un premier raccord sanguinolent dans le jus de canneberge sert de léger apéritif avant les décapitations, puis les meurtres, bien gores, s’enchainent et lancent le super flic Angel.
Ses collègues pourtant n’y voient que de simples accidents.
« Dans un accident, personne n’est responsable »


Malgré les ordres de leur supérieur et le manque d’intérêt de leurs collègues, les deux compères enquêtent, hésitent, s’affrontent. Éléments de résolutions, confiance en l’autre, dépassements de soi. C’est un peu long par moments mais c’est le rythme des fresques



buddy cops à l’américaine



où tout est bien plus compliqué que l’apparente simplicité pourrait le laisser croire parce que chacun des deux amis doit se dépasser, faire un pas vers l’autre pour réussir. Les codes du policier d’action sont partout, même tournés en dérision quand ils trompent l’attention avec les talkies du comité de surveillance. Les dialogues citent à plusieurs reprises Point Break et Bad Boys 2, et la magie du cinéma opère avec classe quand tous deux se relèvent d’une fusillade au cœur de mouvements de caméra à la Michael Bay sublimant ses héros, où quand Danny vide son chargeur vers le ciel.


 Dans une équipe de bras cassés (un vieux fatigué, un jeune déjà vieux, une gourgandine aux répliques ambigües et grivoises, un inspecteur désinvolte et deux lieutenant idiots), Nicholas finit par se laisser aller un peu et se fait un ami.

« Tu devrais prendre une plante »


Simon Pegg est impeccable pour habiter Nicholas Angel de droiture et de convictions autant qu’il sait l’emplir de doutes. Nick Frost excelle lui à créer le naïf à rebours, un peu du Perceval de Kaamelot dans l’intelligence lente et dans la tendresse que suscite sa bêtise.



Flopée de comédiens autour du duo Frost et Pegg.



Le lieutenant Martin Freeman, l’inspecteur Steve Coogan et l’inspecteur général Bill Nighy sont les supérieurs londoniens de Nicholas. Timothy Dalton, Jim Broadbent, inspecteur de police à l’air débonnaire, Kenneth Cranham, David Bradley, excellent avec un accent rustique mangé à la Snatch, Rory McCann en simplet, Kevin Eldon, David Threlfall, Stephen Merchant, Rafe Spall. La liste est interminable des seconds rôles de l’audiovisuel britannique réunis pour peupler le village d’insoupçonnables, de paisibles notables, pour certains retraités, tous très impliqués dans la vie locale.



Bientôt la compréhension vient avec le cornetto.



Simon Pegg se transforme en Rambo 2. Edgar Wright glisse du Sergio Leone dans les regards avant la fusillade sur la place du village. Et pour nous rappeler que tout ça c’est bien du cinéma, c’est dans un décor factice, un village miniature que les ambitions des criminels s’écroulent, succombant sous la puissance d’une amitié professionnelle et personnelle forte.



Pour clore l’action, tout termine dans une explosion.



      Matthieu Marsan-Bacheré

Créée

le 28 nov. 2015

Critique lue 383 fois

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