Première partie du troisième volet de la saga "Hunger Games", suite directe de "L’Embrasement", opus bourré d’imperfections où l’univers avait réellement besoin d’un second souffle pour retrouver l’esprit du film originel (déjà moyen). Même si le registre est différent et d’avantage mature que ses ainés d’autres problèmes subsistent malheureusement.

Katniss se retrouve après l’explosion de l’arène dans le District 13 pour devenir le symbole de la rébellion contre le Capitole, le Geai Moqueur, sous l’approbation de la présidente Coin et du Haut Juge des jeux, elle accepte à contre coeur dans l’unique but de secourir les peuples opprimés et d’obtenir la libération des vainqueurs des Hunger Games dont Peeta, devenu l’instrument de propagande du président Snow.
Le scénario propose un ton plus sombre et enfermé, l’action n’a au final que très peu de place, le format blockbuster pour adolescents se montre donc plus sérieux envers son public, jouant des symboliques du totalitarisme, des mécanismes de communication, cependant les codes niaiseux restent sous-jacents, le personnage de Katniss donne l’impression d’être manipulable mais garde son côté impertinent qui fait d’elle une héroïne à part entière, gardant ses sentiments à fleur de peau et son courage au combat, l’aura du Geai Moqueur n’est que trop abstrait par rapport à ce qu’il veut transmettre, et le fait que ça soit Jennifer Lawrence, icône absolue d’une certaine jeunesse pré-pubaire, n’aide pas forcément niveau ressenti. Cette actrice je l’adore mais comme son rôle le concept semble arriver en bout de course, la saga ne me passionnait déjà pas énormément mais là je dois dire que je me suis pas mal ennuyé durant une majeure partie du long métrage, la première partie était pourtant encourageante et l’idée de métisser le coté manipulateur du nouveau District, de ces méthodes de propagande par rapport à l’image de Katniss avec la psychologie de l’héroïne c’était intéressant car développant ce thème des apparences par rapport à la réalité que les hautes instances éludent, ce dialogue où Katniss émet l’idée au conseil d’aller sur le terrain pour seul but de communication et qu’elle termine sur cette réplique cinglante "Si je meurs n’oubliez pas de filmer" j’ai trouvé ça très bon.

Ensuite la réalisation montre ses limites dans les séquences d’action dans les ruines du District 12, plutôt que d’évoquer l’immersion avec des plans séquences à la Cuaron dans "Les Fils de l’Homme" comme à un moment j’ai cru qu’il allait s’en inspirer, non Francis Lawrence ne propose rien, se concentrant sur ses effets spéciaux, c’est dommage, et puis pour ce qui est de la mise en scène tout reste conformiste, le casting, en particulier les acteurs secondaires talentueux comme Julianne Moore, le regretté Philip Seymour Hoffman ou encore Woody Harrelson, n’est que trop en retrait face à une J-Law omniprésente dont le jeu va de la sincérité touchante au pire surjeu agaçant, on peut aussi remarquer que la belle pousse admirablement bien la chansonnette dans l’interprétation de « The Hanging Tree ».
Les enjeux scénaristiques deviennent particulièrement poussifs vers la moitié du film, le rendant monotone, tout parait trop convenu et cousu de fil blanc, parsemé de quelques petits clichés émotionnels orchestré par cette musique héroïque, le format typiquement hollywoodien de cette franchise a du mal à s’affranchir du ton de l’histoire, qui méritait sans doute encore plus de maturité sur quasiment tout les points. En même temps je ne pense pas que Francis Lawrence avait dans l’idée de révolutionner le genre, ça reste malheureusement trop calibré même si quelques petites bribes d’idées pointent de temps à autres, notamment lors de la communication du président Snow, par contre personnellement j’ai été spoilé par une photo d’un des ultimes plans qui m’a permis de comprendre directement la subtilité du discours du toujours excellent Donald Sutherland. Et comme d’habitude le cliffanger est réussi et permet de nous donner un petit sentiment d’attente, seulement là on peut aussi dire qu’on se moque un peu de nous, car une fois le générique arrivé on constate franchement que sur 2h de film il ne reste qu’une sorte d’introduction paraissant longuette, sans doute qu’avec un meilleur cut en mettant en exergue le véritable intérêt de cette histoire les deux parties pouvaient fusionner, but money is money …

Ce nouveau "Hunger Games" est un peu déconcertant, partant sur une bonne volonté que ce soi au niveau du ton et des thématiques il ne fait que nous resservir la soupe qu’on a déjà gouté, les personnages sont bizarrement élaborés, se fondant dans la platitude du scénario et ses enjeux boiteux, il y avait du potentiel c’est dommage, mais pour cette fois, contrairement aux deux premiers opus, j’ai moins envie de connaitre la suite, paradoxalement la conclusion de la saga, enfin je la regarderai forcément, je vais pas non plus craquer à 2 mètres du bol de sangria, mais preuve en est que le concept s'essouffle inexorablement.

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le 10 déc. 2014

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JimBo Lebowski

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