L'infini dans la paume de la main, l'iris de l'oeil et les histoires d'amour...
De l'interstice laissé par la porte entrebâillée d'une science confrontée aux mystères ou exceptions aux règles qu'elle croyait pourtant avoir croquées et s'en trouver propriétaire, un filet de lumière laisse entrapercevoir les possibilités infinies de cet univers. Tout cela dans l'ombre d'histoires d'amour...
Penser alors à l'excellent livre " L'infini dans la paume de la main " de Trinh Xuan Thuan et de Matthieu Ricard vient alors à propos. L'ouvrage s'articule en effet autour d'un dialogue et d'un échange de réflexions métaphysiques et existentielles entre un scientifique astrophysicien et un moine tibétain. Une dualité de points de vue comme dans le film, avec ce trait d'union entre science et spiritualité. Une différence tout de même : " I Origins " nous entrainera sur un cours plus tumultueux, romantique et dramatique propre à certains cinémas comme celui de Mike Cahill, décidément prometteur ici comme en son précédent " Another Earth " , ou même l'illustre Terrence Malick et ses œuvres à mes yeux aussi divines que sublimes. Ah ! Ces histoires d'amour et ces réflexions philosophiques projetées à l'écran par ces maîtres du septième art...
"I Origins " se positionne précisément en ce ténu filet de lumière dont il est question en début de propos, sans basculer pourtant dans les affres des fanatismes antagonistes du matérialisme et du spiritualisme, suggérant même au spectateur des possibilités, des ouvertures, des rayons lumineux, et c'est là tout le talent du réalisateur : il n'impose pas plus qu'il n'édicte des lois incontournables éventuellement indigestes pour imprimer violemment sur le spectateur des propagandes d'un dogmatisme ou d'un autre.
Tout commence par l'intense quête d'un scientifique ( Michael Pitt) tentant à travers de multiples expériences et observations autour de la singularité de l'iris de l'oeil humain et son évolution de conforter ses convictions matérialistes propres d'une part et d'accessoirement contrer la thèse d'un Dieu à l'origine de cet univers.
Mais tout commence aussi par une rencontre lors de la fête d'Hallowen, aussi furtive que mystérieuse, entre le cliché photographique d'une inconnue déguisée aux yeux aussi magnifiques qu'insolites (Àstrid Bergès-Frisbey) et la rencontre inattendue un peu plus tard d'une assistante tout aussi singulière, toutes deux fort significatives dans l'exploration existentielle du jeune scientifique.
" Another Earth " du même réalisateur posait un regard tout en subtilité sur cette zone transitoire où les questions demeurent et les rêves s'épanouissent. Le double y était traité, entre autres questions. I origins suit ce même élan délicat mais cette fois dresse un portrait raffiné entre science et religion, ou plus précisément, spiritualité et recherche scientifique. Terrain glissant, s'offrant en pâture aux spectateurs susceptibles et saturés d'un courant comme d'un autre. Il relève pourtant le défi avec brio sans jamais justement sombrer dans la facilité, les pièges et les diktats que promet trop souvent l'approche sans gants et parapet d'un tel sujet, à l'image d'écueils trop souvent rencontrés en cinéma.
Ce genre de film qui aura bien des difficultés à se faire oublier. Ce réalisateur est à suivre, à n'en point douter, également.
Mais arrêtons-nous là à présent, spoiler sur ce film peut aller très et trop vite, la fougue des mots venant et les gaffes avec... (soupir)
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