Le réalisateur, Mike Judge, fait partie de ces personnes fort connues en Amérique, mais totalement ignorées en France. Il est le créateur des séries Beavis et Butt-Head, King of the hill et Silicon Valley, ainsi que la comédie 35 heures c'est déjà trop, dont la renommée américaine est assez forte.
Pourtant, Idiocracy a été très difficile à sortir ; diffusé en salles en catimini, deux ans après son tournage, zéro promotion, autant dire que le four était déjà en cours. Mais pourtant, sous ses couverts de grosse farce, c'est un film incroyablement politique, d'une violence sans nom envers ses contemporains, ce qui a sans doute effrayé la Fox au moment de la sortie cinéma.
Dans un futur où les gens intelligents ne veulent plus procréer, de peur de laisser une planète en détresse à leurs enfants, et les débiles qui font des marmots en pagaille, l'intelligence moyenne tend à diminuer. Pris de panique, le gouvernement américain veut conserver pour le futur un homme et une femme dits normaux, ni bêtes ni intelligents. Ils enferment donc un bibliothécaire militaire et une prostituée peintre, mais à cause de divers conflits, ils ne reviennent à la vie que 500 ans plus tard, dans une Amérique complètement stupide, où la connerie fait roi ou l'intelligence a tout simplement disparu, que ce soit chez les citoyens ou la présidence.
C'est même à se demander comment une major telle que la Fox, un studio très conservateur, a pu mettre de l'argent dans un tel projet qui dit en somme que les américains d'aujourd'hui sont idiots, et que si ils ne ressaisissent pas, la stupidité l'emportera sur l'intelligence dans le futur.
La description d'un futur dit con a de quoi faire sourire ; entre un président aux cheveux longs et ancien catcheur, jusqu'à des habitants qui ont des immenses télés mais dont le programme principal est dans une toute petite fenêtre, entouré par de gigantesques publicités, où la boisson énergisante a remplacé l'eau ou des fauteuils où on peut regarder la télé tout en faisant caca, ça n'arrête pas durant 80 minutes.
Tout ça sous les yeux éberlués de Luke Wilson et Maya Rudolph, qui sont donc considérés en 2505 comme les humains les plus intelligents du monde, alors qu'ils sont tout simplement banals à nos yeux ! Évidemment, le futur du film compte beaucoup, avec une vision cauchemardesque du futur, où deux bâtiments en ruine sont tenus par une grosse corde (!) pour éviter qu'ils ne s'écroulent. C'est limite une vision du partisan du moindre effort que montre Mike Judge.
Alors après, on est en face d'une comédie bien lourde, bien grasse, où le sexe (anal en particulier) a sa place, mais en terme de message politique, c'est très fort, même si c'est sous une couche de connerie ambiante.