Film assez déroutant. On y suit les recherches de Motoki et Yasuko, deux étudiants révolutionnaires, pour expliquer la raison du suicide d’un camarade, Endo. Ils récupèrent sa caméra et la visionnent en se disant que s’y trouvera une sorte de testament. Mais déception, la bobine ne contient que des plans de paysages urbains…

Au-delà d’une représentation satirique et désabusée des jeunes contestataires de l’époque, le film vaut le coup d’être vu pour son beau noir et blanc, son aspect destructuré qui pourra rappeler le Seijun Suzuki de La Marque du Tueur, mais aussi comme une illustration de la « théorie des paysages » du cinéaste activiste Masao Adachi qui, dans son A.K.A. Serial Killer, filme des paysages, considérant qu’ils sont le reflet du pouvoir dominant. Obsédé par sa quête pour comprendre le sens des rushs laissés par Endo, Motoki va suivre ses traces, retrouver les paysages filmés pour les capter lui aussi avec sa caméra. Mais il va plus loin, il demande à Yasuko d’entrer dans le champ, de parasiter le quotidien tranquille afin de créer des incidents (on songe au Petit Garçon) et, sans doute, permettre de prouver que ces paysages sont bien le reflet d’un pays devenu violent. Ça se terminera assez mal, avec sans doute la prise de conscience de la vacuité de cette théorie et, partant, de toute idéologie révolutionnaire. Le mal est finalement moins dans le pouvoir que dans l’individu et dès lors n’y a-t-il plus que deux solutions, l’Eros ennuyeux ou bien le Thanatos salvateur. Mine de rien, l’Empire des sens n’est pas très loin.

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le 22 oct. 2025

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