En attendant le retour de Grippe-sou pour 2017 (et 2018), penchons-nous à nouveau sur cette première adaptation.
"ça", comme pour beaucoup de personnes de ma génération, a, dans un premier temps été approché par son adaptation télévisuelle plutôt que par son matériau de base: le roman. Au détriment, devrait-on même dire, du fameux diptyque (En France, tout du moins) "ça", publié en 1986 et écrit par le grand Stephen King. (Et il était nullement nécessaire de le rappeler.)
Après lecture du roman, et redécouverte du film une quinzaine d'années après l'avoir vu étant enfant, force est de reconnaître que cette adaptation s'avère bien faiblarde. En termes de fidélité, mais également en ce qui concerne la qualité générale de l'œuvre.
"ça" est un téléfilm, et donc ne dispose pas d'un budget suffisant pour adapter l'œuvre correctement. Oui, car au vu des scènes du roman, elles auraient nécessitées beaucoup d'argent et auraient entraîné maintes complications. Du coup, même si l'intrigue est sensiblement similaire à celle du roman, les apparitions du clown et les confrontations avec Grippe-Sou ne sont pratiquement que des scènes alternatives à ce dernier.
Ce manque de contenu et de fidélité se traduit aussi par la classification du long (Accessible pour un jeune public, et moins jeune). Dans le roman, il y a toute une dimension sexuelle et perverse, qui, dans le cas du film, est absente. Les thèmes principaux sont heureusement représentés (La difficulté de l'adolescence, la peur de l'âge adulte) mais jamais le contexte sexuel (orgie, inceste, homosexualité sont des thématiques bannies.)
Par ailleurs censuré, le téléfilm est dépourvu des scènes les plus effrayantes du roman (En somme, toutes les scènes impliquant les enfants morts). Plus paradoxal encore, la phrase "Ils flottent tous en bas, Georgie" (l'entête de ma critique, donc) répétée plusieurs fois par le clown autant dans le roman que dans le film, perd ici son sens et sa cohérence puisque rien n'est jamais montré.
Ce manque flagrant de budget que j'évoquais ci-dessus trahit plusieurs scènes. La scène de la bibliothèque, par exemple dans laquelle les ballons explosent tour à tour, dont on y distingue les transitions et les plans coupés aisément. Ou encore la scène finale, avec ce plan plutôt joli qui dévoile l'étendue d'une caverne où son entreposés des corps, au détail près qu'il s'agit d'un plan sur une toile grossièrement réalisée, donnant un effet de profondeur qui aurait presque fait illusion si je n'étais pas aussi attentif qu'un Michel et Michel.
La conclusion du téléfilm, faute de budget, est ratée. Trop courte, moins bavarde et spectaculaire que le roman et avec des SFX ayant 20 ans de retard (au bas mot).
Souffrant de la comparaison avec le roman, "ça" s'en tire pas trop mal. Il demeure un film d'horreur correct, bien que totalement infidèle au roman et contredisant ce qui en fait l'essence. Gageons que l'adaptation de 2017 se montrera plus glauque, plus timorée et plus proche de la vision de King que cette première version, un peu datée il est vrai. "ça" a traumatisé toute une génération de gosses, dans laquelle je figurais (Pourtant, les centaines de séries B que je m'étais tapé me laissaient en général indifférent, j'étais un gosse peu facilement impressionnable). D'une durée de 3h, "ça" n'ennuie jamais et s'avère bien rythmé, et ce jusque dans son final, en eau de boudin certes. Mais "ça", c'est ce film d'horreur pour lequel nous sommes tous nostalgiques et puis, il faut avouer que nous avons tous cauchemarder dessus. (Merci Tim Curry!)
Une mauvaise adaptation, mais un film d'horreur correct. Légèrement surcoté mais pas moins effrayant.