Dernier film de Leone, immense fresque new-yorkaise contemporaine de la Prohibition, narrant le destin du malfrat Noodles (Robert De Niro inoubliable), de son enfance à sa vieillesse. Il était une fois en Amérique est un pur film de gangsters, mais il est profondément marqué par une grande tristesse, une mélancolie permanente, qui passe par la construction de l'histoire (quasiment que des flash-backs) et le jeu des acteurs : le duo de frères ennemis formé par De Niro et James Woods est très émouvant. On retrouve une dimension proustienne dans l'agencement des souvenirs, qui forment l'essentiel de la fresque : le personnage de Noodles vieux se remémore toute sa vie, il est le narrateur involontaire (pas de voix-off) de sa propre histoire. Il s'agit du dernier film du grand cinéaste italien, il est donc difficile, sans aller jusqu'à parler bêtement de film testamentaire, de ne pas faire un rapprochement entre le personnage vieillissant de De Niro et le réalisateur lui-même, qui se pencherait sur ses jeunes années.

Ce film est l'histoire de plusieurs vies, de l'enfance à la mort (réelle ou symbolique), c'est justement le déroulement de ces vies qui lui donne son rythme si particulier, d'une lenteur hypnotique et fascinante, un rythme humain, au sens biologique du terme. La tristesse découlant du temps qui passe se voit ultimement portée par le leitmotiv lancinant de Ennio Morricone, allant jusqu'à effacer la tension et l'horreur habituelles des films de gangsters : la mort d'un enfant sous les balles policières ne révolte pas, elle nous fait pleurer. Il était une fois en Amérique, comme le suggère son titre, est un conte, un récit initiatique en quête d'une grâce perdue, à l'image de la petite Deborah dansant au milieu d'une remise poussiéreuse, espionnée par un jeune Noodles émerveillé, qui ne sait pas encore à quel point il l'aimera, comment il la perdra...


Par Quentin Bonnet -The Screen Addict.
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le 6 août 2010

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