In The Mood For Love n'est pas un film, In The Mood For Love est un miracle, un rêve éveillé, une sensualité dévorante et grisante. Les mots manquent pour décrire avec justesse l'infinie quantité d'émotions que nous fait traverser ce tableau filmé. La forme comme le fond plongent dans un état de sidération proche de l'extase qui précède de peu une overdose.


In The Mood For Love est une galerie de peintures, d'un peintre qui aurait condensé en une même pellicule l'ensemble de ses chefs-d'oeuvre. Chaque plan touche au merveilleux, lumière, mouvements de caméras, couleurs, mise en scène, placements, déplacements laissent penser à la fois au travail d'un immense artiste et d'un grand professionnel, qui se laisse guidé par ses impressions et son intuition.


Les sentiments des deux « amants » prennent vie dans une note de musique, dans un ralenti ou dans l'échange d'un regard. Tout est dans l'art de suggérer l'amour naissant qui les habite, sans trop en dire, sans trop en faire. Nous découvrons leurs sentiments en même temps qu'eux, par petites touches de couleur, lentement...


In The Mood For Love, c'est une musique bouleversante érigée au rang d'un leitmotiv entêtant, un usage magnifique du ralenti amené brillamment au niveau d'un art à part entière. Wong Kar Wai peint avec sa caméra, ses projecteurs, il expose à l'écran son talent et celui de ses acteurs, d'une beauté renversante, une des plus belles et tragiques histoires d'amour que le cinéma nous a donné et peut-être ne nous donnera plus.


Les corps et leurs mouvements, leurs deux âmes éperdues sont capturés et apprivoisés par une caméra en pâmoison devant Tony Leung Chiu Wai, tout en élégance en finesse et fragilité, mais surtout devant Maggie Cheung qui, d'un regard, coupe le souffle du spectateur, incrédule devant la réalité de son apparition. Son regard est la plus belle image du monde, cette femme a le talent de rendre élégante une coiffure improbable et nous fait découvrir que le tailleur jupe a été crée uniquement à son intention, merci Coco Chanel. Elle touche, mène le spectateur au plus profond de lui-même, à la recherche de la dernière petite larme qu'il n'aurait pas encore versée. Alors, elle la lui arrache des yeux et la laisse couler très lentement le long de sa joue après un long soupir...


Wong Kar Wai, Tony Leung Chiu Wai, Maggie Cheung, trio infernal entre tous, prennent possession de nos émotions pendant plus d'une heure trente. Esclaves de leur talent, nous sommes tour à tour stupéfaits par la beauté du film lui-même et brisés par la magnifique cruauté de l'histoire. Lorsque apparaît le mot fin, on se prend à rêver un instant à ce vers de Baudelaire :
"Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté. »


In The Mood For Love n'est pas un film, In The Mood For Love est une expérience, In The Mood For Love est une émotion, In The Mood For Love est un chef-d'oeuvre absolu, unique, ne pas vivre ce film c'est avoir un peu moins vécu...

Jambalaya
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le 17 mars 2013

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Jambalaya

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