Je suis snob.
Je dois être très snob car en plus d'avoir apprécié, j'ai même étudié ce film dans le cadre d'un cours. Cependant je comprend très bien ton avis, et je suis d'accord avec toi ce n'est pas film, ce...
Par
le 14 nov. 2010
33 j'aime
6
22h : J’ouvre Mubi. Indian song de Marguerite Duras car, Delphine Seryig. Delphine Seyrig marmoréenne en bourgeoise coloniale languissante sur le sol d’un grand hôtel particulier. La soie noire se découpe dans la tristesse des tapis usées de déambulation incessante, par ennui. Ils jouent à guichet fermé, pour eux même. Les dialogues sont rajoutés post-prod, avalanche de commentaires extérieurs. Voyeurisme naïf pour une contemplation du vide. Tous privés de parole, Delphine Seyrig muette, elle dont la voix m’obsède réduite à la sculpture.
L’isolement.
Plus le film se déroule plus j’y vois dans ces successions d’espaces vides, plans sur jardin de Shalimar, terrain de tennis vide à la bicyclette abandonnée, des échos avec un monde en quarantaine. Cet espace aux codes empruntés de l’Asie moulé dans le regard d’Européen désœuvrés, semble agir avec puissance sur l’imaginaire collectif du monde, donc chaque jour la télévision fait le commentaire. Les amants de Calcutta ont du mal à vivre dans leur prison sans passion, et aussi me renvoient au défit de mon propre sort à savoir réapprendre à vivre en dehors de la vie. Spectateur en voix off, des tramways qui passent dans un bruit de chauffe électrique toutes les dizaines de minutes sans aucun passagers.
Je me ressers un verre de rouge. 40min11 : « Que me voulez vous? - Vous parler. (…) Vous ne vous habituez pas, vous non plus? »
Les premiers mots sont dits, hors champ, puis retombent à l'indirect. J’ai bien peur que dans l’heure restante du film de Duras, jamais une conversation ne pourra s’engager de façon frontale, physique. Tout comme l’angoisse pré-digérée de ne pouvoir engager une conversation frontale, physique, avec vous avant deux mois.
Delphine danse elle a une robe rouge qui solidifie son corps, comme les bâches desquelles on protège les vestiges antiques.
Un dernier verre de vin, avant une deuxième apparition en robe rouge près du près du piano, avant que je ne m'endorme.
Créée
le 5 avr. 2020
Critique lue 139 fois
D'autres avis sur India Song
Je dois être très snob car en plus d'avoir apprécié, j'ai même étudié ce film dans le cadre d'un cours. Cependant je comprend très bien ton avis, et je suis d'accord avec toi ce n'est pas film, ce...
Par
le 14 nov. 2010
33 j'aime
6
C’est une chanson que je joue très tard la nuit, dans ma tête ou bien sur le piano. Souvent quand il fait chaud. Ça me rappelle l’Inde que j’ai imaginée. Je ferme les yeux pour jouer sur mon piano,...
Par
le 18 juil. 2019
21 j'aime
7
Alors attention ici ça passe ou ça casse, ou plutôt si vous vivez la même expérience que moi, ça casse PUIS ça passe. En effet pendant une heure je n'ai cessé de penser à la célèbre phrase de...
Par
le 7 déc. 2020
16 j'aime
1
Du même critique
Au début des hostilités Covid en décembre, le mood ambiant m’avait déjà donné envie de revoir Les derniers jours du monde avec Mathieu Amalric, Karin Viard et Catherine Frot. Je l’ai fait cet...
le 5 avr. 2020
1 j'aime
Chez Visconti le drame s’incarne dans le tragique de relations complexes, d’amour usé tel une lèpre qui gangrène la mémoire des êtres esseulés. Burt Lancaster en professeur emmuré dans sa solitude,...
le 10 mai 2020
1 j'aime
Dans La rupture de Chabrol on drogue les femmes pour les rendre folles, on monte des conspirations contre elles. Et elles ne plient pas, se débattent sans même s’en défendre. Pour elles. Les enfants...
le 16 mars 2021