Aux origines d’un aventurier


Sans contexte le MEILLEUR épisode de la franchise. Du fun, du fun, encore du fun, et de l’émotion, beaucoup d’émotion. Depuis sa naissance, la franchise Indiana Jones n’a de cesse d’épater. De films en films, Spielberg a prouvé qu’il n’est pas de ces cinéastes de films à suites, sortant des copier coller des œuvres originales, tout en optant pour le célèbre « bigger and louder ». Le temple maudit était une suite plutôt sombre et violente, loin du film d’aventure familiale qu’était les aventuriers de l’arche perdue. Pour son Indiana Jones et la dernière croisade, Spielberg veut nous emmener autre part. Tout d’abord, en guise de prologue, le réalisateur nous propose de remonter aux origines de son héros (River Phoenix brillant, allant jusqu’à reproduire les mimiques du Indy adulte), lorsqu’il n’était encore qu’un jeune scout (souvenir des propres années de louveteau de Spielberg).


Comment Indy a-t-il eu la vocation de protéger et conserver les trésors et autres reliques ? Comment-a-t-il obtenu son fouet, son chapeau ? D’où lui est venue cette phobie pour les serpents ? Et cette cicatrice à son menton ? Que lui est-il arrivé ? En décidant de répondre à toutes ses questions, Spielberg, en plus de faire de ce prologue, l’une des plus belles entrée en matière de la franchise, permet à son Indiana Jones de gagner en profondeur. Suite à ce prologue lié à la suite de l’histoire, retour en 1938. Indiana Jones est adulte, il a enfin réussi à récupérer une relique sans se la faire chiper par un autre archéologue opportuniste (Belloq si tu nous entends) et rentre chez lui aux Etats Unis. Contrairement au Temple maudit, la dernière croisade fait quelques arrêts (retour en salle de cours, saut au domicile familial pour la toute première fois), histoire de souffler car, pour la suite, ça va swinguer. Aucun temps morts, cet épisode renoue avec ce qui avait fait le succès de son tout premier épisode : l’aventure familiale non dénuée d’humour et de spectacle.



Attendez. Qu’est ce que vous croyez qu’il se passe ici ? Depuis que je
vous ai rencontré j’ai failli être incinéré, noyé, flingué et découpé
en petits morceaux. Nous sommes embarqués dans une aventure funeste,
je pense que mon père avait trouvé plus qu’il n’était venu chercher et
jusqu’à ce que j’en sois sûr, j’ai bien l’intention de continuer à
faire les choses comme j’estime devoir les faire.



Indiana Jones confronté à sa plus grande peur : son papounet


Dans Indiana Jones et le temple maudit, suite au clin d’œil en début de film, Steven Spielberg nous montrait qu’il était grand fan des James Bond. Dans Indiana Jones et la dernière croisade, non seulement le réalisateur remet le couvert, multipliant les références à des films comme Bons baisers de Russie, mais en plus, il se paie le luxe de faire venir dans son film Sir Sean Connery en personne pour interpréter un rôle important. Et quel rôle puisque Spielberg, décide de donner à l’acteur le rôle du père de son héros fétiche. Jamais on n’aurait imaginé voir Indy vivre une de ses aventures, accompagné de son papa. Et encore moins quand ce père est si autoritaire (au point qu’Indy le vouvoie), considérant son fils comme un gosse. Quel pire cadeau à faire à un héros que celui de lui coller papounet dans les basques ? On va nous le ruiner notre Indiana Jones cool, mystérieux et sûr de lui.


C’est là que Spielberg nous rassure : il ne compte pas détruire son personnage culte en se moquant de lui au point de frôler le parodique, il compte le rendre plus humain, plus sensible et moins seul que par le passé. La dernière croisade, c’est l’occasion de découvrir une facette inédite de ce personnage. La complicité entre Connery et Ford qui, je le rappelle, n’ont que douze ans d’écart, atteint la perfection. Aucun ne fait de l’ombre à l’autre, Jones Jr et Jones Sr sont sans aucune contestation le point fort de ce troisième volet. Rires jusqu’aux larmes prévus !


Total opposé, conflit générationnel, malentendus, dialogue de sourd, maladresses, moqueries, regrets (les deux hommes ne s’étant pas vus depuis 20 ans), le père et le fils, l’un pépère pantouflard ne se séparant jamais de son parapluie et de sa valise, l’autre énergique, ont tout qui les sépare. MAIS, là où ils se rejoignent c’est bien du coté de leur amour pour l’histoire. Indiana Jones et la dernière croisade, c’est du Steven Spielberg dans toute sa splendeur. Pourquoi ? Parce que, tout comme E.T ou bien A.I Intelligence artificielle, on retrouve la thématique de la famille dysfonctionnelle. La recherche du Graal, la recherche du père, vous voyez la métaphore ? Ce message fort ne rend pas La dernière croisade dramatique pour autant, et vous allez comprendre pourquoi.




  • Il me semble que ces gens essayent de nous tuer. - Je sais, père ! - C’est une nouvelle expérience pour moi... - Moi ça m’arrive tout le
    temps !



Prêts à entrer dans l’histoire ?


Il est loin le climat sombre et violent du temple maudit. Pour cette « dernière croisade », Spielberg opte pour un ton à la fois léger et familial. L’humour, l’action et cette aura d’aventure épique sont privilégiés.


Voyage dépaysant (ah Venise), courses poursuite, jeu de séduction, énigmes (le célèbre saut de la foi, qui, au delà de son aspect religieux, illustre parfaitement que ceux qui croient en eux, qui ont confiance en eux peuvent accomplir de grandes choses), exploration de catacombes remplis de rats, squelettes et toiles d’araignées, méchant machiavélique et opportuniste (petit clin d’œil à Belloq), trahisons, nombreux dangers, rebondissements, surnaturel, cascades spectaculaires (la célèbre scène du tank), castagne, Indy girl, pièges à éviter, nazis, le film n’oublie pas que si lui et ses prédécesseurs ont gagné notre cœur, c’est bien parce qu’ils sont fun, qu’ils ont réinventés à eux seul le mot « aventure », et qu’ils ont un héros qu’on aime. Pour une troisième fois, Spielberg ne fait pas les choses à moitié. Pour ainsi dire, il a revu à la hausse les scènes d’action. Jamais on ne c’était autant amusé en regardant un film.


De l’Utah aux Côtes Portugaises, du Connecticut à Venise, de l’Autriche à l’Allemagne, jusqu’au canyon du croissant de lune, ça n’arrête pas, les répliques fusent par centaines, l**es moments cultes s’enchainent** (Indy se faisant accidentellement dédicacer son journal par Adolf Hitler en personne), les piques et autres séquences mettant en scènes Jones Jr et Jones Sr sont savoureusement hilarantes, tant en si bien que les 2heures de film passent beaucoup trop vite. Après l’arche d’Alliance, puis les pierres de Shankara, notre archéologue préféré se lance à la recherche du Saint-Graal. Le Saint-Graal n’est autre que la coupe ayant servie lors de la cène, soit le dernier repas de Jésus Christ, et où Joseph d’Arimathie y recueillit le sang de ce dernier après qu’il fut crucifié.



La quête du Saint-Graal n'est pas de l'archéologie. C'est une course
contre le mal. S'il tombe entre les mains des Nazis, les armées des
ténèbres se répandront sur toute la terre.



Ne l’appelez plus « Junior » !


Techniquement, Indiana Jones et la dernière croisade est l’épisode le plus aboutit de la franchise. La beauté impressionnante des décors (Le Château de Bürresheim, La plage de Mónsul, Le désert de Tabernas en Andalousie , La Double Arch dans le parc national des Arches dans l'Utah, l’imposant Khazneh dans la séquence finale), le travail sur les accessoires, contexte historique, costumes, effets spéciaux, jeux des perspectives, jeux d’ombres, photographie (le plan symbolique d’Indy, Sallah, Henry Senior, Marcus, chevauchant leur cheval dans le désert au couché du soleil), jusqu’à son affiche qui, une fois encore, donne carrément envie de regarder le film. Et ce n’est pas tout.


Ils vous avaient manqué ? Marcus Brody et Sallah sont officiellement de retour. Quel plaisir de retrouver Marcus qui cette fois, prend par à l’aventure, accompagnant Indy dans sa quête, tout comme Sallah, bien plus présent que dans Les aventuriers de l’arche perdue. C’est ça Indiana Jones et la dernière croisade, c’est de la nostalgie, le plaisir de retrouver des personnages auxquels nous nous sommes attaché.


Là où La dernière croisade frappe fort, c’est aussi du coté des pistes musicales signées John Williams. Etonnante, marquante, majestueuse, la bande originale est aussi subtile que l’humour (et on peut même mixer les deux comme lors de la scène hilarante de la bibliothèque de Venise, avec le tampon du bibliothécaire), le choix des airs est habile.


Musique annonçant une menace, thème des nazis, musique d’action aux couleurs locales, musique sautillante (le thème ô combien réussit et mémorable de la croix de Coronado lors de la scène flashback), bref, une bande son brillante. Quant au titre « The Holly Grail Theme", soit le thème du Saint-Graal, il est on ne peut plus clair : c’est une conclusion des aventures d’Indiana Jones (je sais, ça n’a maintenant plus de sens puisqu’il y a eu une suite). Indiana Jones et la dernière croisade ne fait pas les choses à moitié.



Les Nazis. Je hais ces gars-là.



Au final, Steven Spielberg signe avec son Indiana Jones et la dernière croisade, un pur chef d’œuvre rythmé, jonglant précisément entre humour et émotion. Profond, détaillé, symbolique, additionné à une mise en scène, des musiques et un jeu d’acteurs sublimes, ce troisième épisode mérite son statut de meilleur film de l’histoire du cinéma. Une œuvre qui mérite sa place dans un musée.

Jay77
10

Créée

le 18 juin 2017

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