15 ans après la découverte du Royaume du crâne de cristal (vraiment pas génial, mais qui mérite cependant bien mieux que les torrents de haine habituels), Indiana Jones est de retour pour une dernière (cette fois c’est vrai) aventure. Et là, le fan est autant excité qu’effrayé. En gros, ça passe ou ça casse.

Excité parce que la saga Indiana Jones, c’est l’aventure qui nous fait redevenir gamin. Si on les prend au premier degré, il n’y a pas grand-chose qui fonctionne dans les films. Mais si on sait les regarder avec nos yeux d’enfant, on en prend plein les mirettes et c’est une invitation au voyage, à l’aventure et au fantasme. Parce que Spielberg et Lucas ont créé un personnage iconique, tant dans son apparence que dans son attitude. Parce que c’est le dosage parfait entre sérieux et humour et que le rythme des films est toujours trépidant. Parce que depuis 1981 et les Aventuriers de l’Arche Perdue, ça fonctionne toujours aussi bien.

Effrayé, parce que le mauvais souvenir (quand même) du dernier opus assez paresseux, voire dispensable. Parce que Spielberg ne sera pas, pour la première fois, derrière la caméra. Parce qu’Harrison Ford a 80 ans et que ce serait dommage de voir un vieil Indy tromper la mort comme un jeune homme. Parce que la peur d’être déçu et de voir un personnage gâcher sa sortie.

Point de suspense inutile, il y a surtout de quoi être excité. Evacuons ainsi les craintes. Si on peut regretter que Spielberg ait passé la main alors qu’il est actuellement au top de sa forme, tant dans le storytelling que dans la beauté plastique, James Mangold prend le relais haut la main. Artisan solide, adepte des films à l’ancienne sans pour autant renier les avancée technologiques, Mangold livre un film solide, sans vraie chute de rythme mis à part une séquence sous-marine pas indispensable. Sa photographie est belle, sans jamais chercher à tirer la couverture avec un plan iconique. C’est peut-être même un peu trop sage à ce niveau, mais ce n’est pas bien grave.
Et Harrison ? Pas trop vieux pour ces conneries ? Si, bien sûr. Mais la bonne idée du film (comment aurait-il pu en être autrement) est d’intégrer son âge à l’histoire sans en faire un ressort comique (Ford y était fermement opposé). Indiana Jones est vieux et c’est comme ça. Le fringant professeur qui était l’objet des fantasmes de ses étudiantes est maintenant un vieux prof qui fait cours devant des élèves qui s’endorment en rêvant de la conquête spatiale. Séparé de Marion, il vit seul dans un petit appartement et ne supporte pas la musique de ses jeunes voisins. Oui, Indy est vieux et bougon. Mais il en a encore sous la semelle, comme le prouve son réveil quand Helena Shaw, sa filleule, vient le solliciter pour rechercher ce fameux cadran de la destinée. La lueur dans le regard se rallume et l’aventurier est de retour. Il a encore le coup de poing facile, mais c’est bien un vieil aventurier qui prend la route. Du coup, ce n’est pas toujours lui qui ouvre le chemin et c’est parfait comme ça. Comme dans ce monde de 1969 qui lui est de plus en plus étranger, Indy cherche parfois sa place dans son aventure. Rassurez-vous, il la trouve très vite.
En guide, Phoebe Waller Bridge est juste parfaite. Femme de son temps, aventurière bien plus cynique que ne l’était Indy, elle représente les années 70 à venir. L’alchimie avec Ford est visible, l’interprète de Fleabag se permet même quelques clins d’œil grivois, bref le charme opère et elle est tout à fait à sa place dans cette histoire.

Impossible d’aller plus loin sans trop en dévoiler sur l’histoire. Sachez seulement que le final est assez couillu, mais globalement pas déconnant si on se réfère à l’ensemble de la saga qui ne brille pas par le réalisme de ses situations finales (on pense notamment à La Dernière Croisade). Et l’émotion (pour ma part) est bien présente à la toute fin grâce à un délicieux clin d’œil.

L’essentiel étant que l’évolution du personnage d’Indy est absolument cohérente dans ce dernier (pour de vrai) épisode de la saga. Un homme qui a vécu sa vie tourné vers le passé, qui a du mal à se situer dans le présent et qui ne se voit pas de place dans l’avenir. Un homme qui va pourtant devoir quitter ses certitudes pour trouver sa place. Finalement, c’est peut-être ça la vraie histoire liée à ce cadran de la destinée.

Dernier point
Le deaging d’Harrison Ford.
Franchement, ça le fait. Il y a bien quelques plans où ça fait mauvaise chirurgie esthétique, mais c’est furtif. Et dans l’ensemble, c’est assez bluffant.

BertyLagacherie
8
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le 28 juin 2023

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