Presser le citron jusqu'à l'excès.

La maison de production Lions Gate a enchaîné les bides stratosphériques ces derniers temps (de « The Crow » à « Borderlands ») et semble vouloir renflouer ses caisses. Alors elle imite ce que font beaucoup d’autres et qui fonctionne la plupart du temps : parier sur des marques sûres en réveillant de vieilles franchises à succès avec un nouvel épisode. Soit dans la continuité ou alors, comme c’est très à la mode en ce moment, en forme de legacy sequel (mélange de reboot et de suite comme les derniers « Scream »). Ici, c’est la saga « Insaisissables » et ses magiciens braqueurs qui est déterrée après un rafraîchissant et ludique premier épisode et un second moins convaincant. Les producteurs ont opté pour la simple suite (même si l’ajout de nouveaux et jeunes magiciens au casting porte à croire qu’on voit plus loin en cas de succès) et c’est tant mieux.

La première demi-heure, il s’avère que les retrouvailles sont assez sympathiques. La présentation des nouveaux personnages et le retour des anciens se fait à la cool, avec malice et une pointe de nostalgie. Et il faut avouer que ce nouvel « Insaisissables » se regardera tout du long sans déplaisir car il reste toujours relativement divertissant. Et l’argument principal qui permet de le juger comme tel n’est pas celui qu’on croit. En réalité, davantage que la délocalisation de l’action à l’étranger comme le font beaucoup de suites pour se donner un côté exotique en valeur ajoutée, c’est celle qui joue le rôle de la méchante qui permet à ce troisième opus de s’élever un peu. En effet, Rosamund Pike vient s’amuser, joue une antagoniste pas trop caricaturale et se délecte dans cette composition. Et nous avec.

Cependant, plus le film avance plus les coutures deviennent grosses et plus le côté purement mercantile de cette affaire vient nous déranger. Cela se ressent d’ailleurs fortement dans les séquences en France où tout le monde se retrouve et où tout est sur-expliqué et surjoué pour expliquer les absences des uns ou des autres ainsi que les enjeux. Le tout se vautre également dans une abondance de fan service tantôt amusant, tantôt pénible. Les nouveaux personnages ne sont rien d’autre que des clichés ambulants avec lesquels les comédiens tentent de compiler quand les anciens semblent s’ennuyer copieusement et attendre le chèque de fin de tournage. Entre les retours de tout le monde et ces nouveaux magiciens, un film d’un peu plus d’une heure et demie ne peut donner de la place à chacun. Et finalement personne n’en a et on a donc d’yeux que pour la méchante.

Chaque épisode a son réalisateur et là c’est encore à un yes man d’Hollywood qu’on a fait appel. Il s’agit de Ruben Fleischer à qui l’on doit aussi bien les sympathiques « Zombieland » et « Gangster Squad » que l’horrible « Venom ». Ici, il semble venir cachetonner également exécutant la mise en scène de manière aussi clinquante que paresseuse. Si le final dispose d’un twist malin et surprenant, il faut vraiment remiser sa logique au placard tout comme tout désir de cohérence et de vraisemblance. « Insaisissables 3 » se déroule certes toujours dans le monde de la magie mais cet épisode pousse les curseurs du grand n’importe quoi très loin. La scène du commissariat en France est l’apogée de ces invraisemblances. En outre, tous les flics ou les gardes du corps ont l’air de parfaits abrutis. Il faut donc voir ce nouveau tour de piste comme un divertissement très light et qui se regarde si vraiment on n’est pas exigeant mais rien à voir avec le premier qui reste le seul opus vraiment correct. Un blockbuster qui manque tristement de la magie dont il se réclame.

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