On se demande pour quelle raison autre que pécuniaire le réalisateur Philip Kaufman (L’Invasion des Profanateurs, L’Étoffe des Héros) est monté à bord de ce thriller produit par un Arnold Kopelson (Le Fugitif, Seven) en fin de carrière. Peu remarquable dans sa forme, Instincts Meurtriers souffre également d’un scénario aux ficelles aussi épaisses qu’une corde d’amarrage : le dénouement ne surprendra d’ailleurs personne, si tant est que le spectateur – à l’image de l’équipe derrière la caméra - n’ait pas lâché l’affaire avant qu’elle ne soit classée. Néanmoins, émerge de cette eau dormante deux agréables qualités. La première est sa distribution : Ashley Judd, abonnée au genre depuis le succès de Le Collectionneur, se montre convaincante, au même titre que Andy Garcia et Samuel L. Jackson dans un rôle toutefois ingrat tant il se révèle mal écrit. La seconde sont ces brefs plans subjectifs par lesquels Kaufman fait monter à la surface de son film le male gazing dont se rend coupable l’ensemble de l’entourage professionnel de l’héroïne (le personnage de Mike Delmarco inclus, son « I am the guy » final résonnant d’une troublante manière). Quinze ans avant que Ashley Judd ne se présente parmi les figures de proue du mouvement MeToo, la tentative formelle de Kauffman s’avère moderne. De quoi donc apporter un peu de densité à un film qui en manque mortellement.