Magnifique semble tout à fait convenir à la description d’un chef-d’œuvre accompli ! On a beau connaître la saga de succès qu’enchaine Christopher Nolan, mais son efficacité, intacte, nous surprendra toujours.


Interstellar illustre le prolongement du travail de Stanley Kubrick avec 2001 : l’Odyssée de l’Espace. Cependant, contrairement à ce dernier, une touche de fraicheur y est ajoutée. Ce film est tout bonnement le conte des limites scientifiques de l’humanité, dans le domaine de la physique en tout genre. Le paradoxe que l’on rencontre et que l’on discute constamment est d’une incroyable perception de l’inconnu. Il ne suffisait pas d’aborder des hypothèses mal exploités, sous la forme de débat sans valeur et sans « intérêt ». L’enjeu est de rendre crédible la catastrophe et les « solutions », ce que les frères Nolan ont bien acquis.


Cette inspiration scientifique est d’une insoutenable épreuve visuellement dans des mains de maîtres. Combiné avec les valeurs philosophiques de l’homme et de sa survie, il en résulte des rappels sévères et convaincants. Tout d’abord, que le temps est l’unique ennemi de l’humanité face à son extinction. Un monstre impartial, la notion de relativité vient nous interroger sur la vérité et le contrôle de l’espace-temps. Une dimension multiple qui cumule la vie du monde en un ensemble. C’est cette notion abstraite qui fera office d’enjeu réel pour les terriens.


D’autre part, la faiblesse humaine est de nouveau retrouvée en échange de moments extrêmement sentimentaux partagés entre la peur et l’espoir. On soutiendra l’instinct paternel de Cooper (Matthew McConaughey), qui entrainera avec lui toute l’objectivité de la mission assignée. Un homme d’expérience qui tentera bien que mal d’identifier le but réel de cette épopée.


A ses côtés, le professeur Brand (Michael Caine) est le moteur de la philosophie de l’espoir. Un mal pour un bien qu’il compte mettre au profit de la science. Caine ne démontre plus rien de surprenant, sa qualité est restée intacte, mais bluffe toujours autant. Anne Hathaway quant à elle, incarne sa fille. Un autre point que soulèvent la nature humaine et son amour pour la science. Ce même aveuglement qui rend fragile l’être humain dans un combat qui semble le dépasser. On peut alors placer l’intelligence artificielle qu’est TARS, porté par la voix de Bill Irwin, comme la touche d’humour et le réalisme du parcours.


Tout tend vers le bon jugement que l’on porterait entre avancer vers un inconnu féroce et imprévisible, ou bien se retrancher sur nos pas, en attendant une issue plus qu’incertaine. C’est là tout la maîtrise de cet univers, remplit de décor vaste au silence, presque de la même résonnance de Gravity. L’adrénaline ne manquera pas de nous enfermer, sensoriellement, dans le même univers chaotique que les protagonistes. On Se confronte davantage à du spectaculaire défiant les lois physiques et chimiques telles que nous les connaissons. Les effets spéciaux seront toujours là pour nous illustrer l’interprétation d’une théorie, crédible ou non.


Et si la futilité de Nolan ne suffisait pas à convaincre la foule perplexe, Hans Zimmer est présent pour secouer nos sens et rendre l’aventure plus attrayante. Il imprègne une fois encore la meilleure perception de l’œuvre. La teneur émotionnelle est aussi bien gérée que ce scénario implacable, pour une durée conséquente mais nécessaire pour tendre le fil conducteur ainsi que tout lé réflexion sur la métaphysique qui en découle.


Il serait sage d’accepter cette marche et d’en comprendre la lucidité que présentent les étoiles !

Créée

le 13 juin 2017

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Cinememories

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