Peu de films me laissent l'occasion de penser : il faut que je le revoie ! J'ai donc revu Interstellar deux fois et je me lance dans ce qui est pour moi le chef d'oeuvre de science-fiction tant attendu depuis 2001 Odyssée de l'Espace (et le dépassant par moments): Interstellar.


Les taff des héros


A une époque pas si éloignée de la notre où on explique aux enfants que l'homme n'est jamais allé sur la Lune ( les complotistes ont donc fini par gagner), où il n'y a plus d'armée (car le gouvernement est mondial) et où l'IRM a disparu pour faire des économies (car c'est la dèche), il est évident que la conquête spatiale ne fait plus partie des priorités depuis longtemps. La sécheresse et les catastrophes naturelles menacent d'affamer le monde et les champs de maïs plantés dans les coins les plus secs ne peuvent rien faire contre le manque d'eau (je sais : les champs de maïs consomment beaucoup d'eau mais dans le sud-ouest ils poussent précisément dans les endroits qui subissent de plein fouet la canicule, cela s'appelle soigner le mal par le mal). Il faut donc trouver d'urgence une solution pour sauver la population de notre planète victime de dégats écologiques irréparables. Et la seule issue possible (cette fois Bruce Willis et Schwarzie n'ont pas fait le taff) c'est le déplacement d'urgence de toute la population vers une autre planète située à des distances interstellaires. Mais comment donc faire pour y parvenir, nom d'un Thomas Pesquet, puisque c'est tellement loin ?


Heureusement il y a le fameux trou de ver près de Saturne. Et le trou de ver, c'est de la balle !
Le trou de ver est un raccourci qui permet de traverser l'espace-temps pour aller sur une nouvelle galaxie plus vite qu'il ne faut de temps pour traverser Paris sous 5cm de neige. Voici donc le pitch: Après la découverte fortuite d'une station cachée de la NASA grâce à ses données GPS communiquées en morse dans la bibliothèque (c'est sûr il faut un peu s'accrocher au début) la routine habituelle des vols spatiaux peut se remettre en marche : mise en hibernation des carcasses humaines, remise en route des robots ayant le sens de l'humour surnommés Gros P (TARS) et Nicolas (CAGE). Cooper (Matthew McConaughey) l'ancien pilote devenu agriculteur mal indemnisé pourra enfin réussir sa reconversion et reprendre du service en tant que pilote du vaisseau spatial l'Endurance à la recherche d'une planète viable.


The same song [of the] Galaxy


En deux coups de tuyères à pots Christopher Nolan nous envoie donc près du trou noir Gargantua (celui qui avale tout car il boit comme un trou). La même chanson va peu ou prou se répéter sur les planètes de cette galaxie. Sur la première planète visitée (celle de Miller) il faudra faire fissa car une heure sur cette planète c'est 7 ans sur la Terre. Et ladite planète-océan, semblable à celle de Solaris, cache des vagues géantes, plus hautes que celles de Saint Jean de Luz, qui manquent d'engloutir tout l'équipage. Après avoir décollé in-extremis avant une nouvelle vague déferlante nous atterrissons sur la seconde planète où la vie est possible, mais qui est glacée comme de l'azote liquide. C'est là où hiberne le Docteur Mann.


Et là, coup de théâtre, cette planète n'est pas viable non plus. Cette burne de Docteur Mann (Matt Damon), habitué à vivre seul sur une planète (voir Seul sur Mars), a menti pour sauver sa peau et il tentera d'abandonner tout l'équipage sur le glaçon pour rentrer seul sur Terre en s'emparant de l'Endurance. Comme le crime ne profite pas le Docteur Mann finira dépressurisé (bien fait!) et ce qui reste de l'équipage pourra s'éloigner en direction de Gargantua.


Et le tesseract sera 


Le pilote Cooper se sacrifiera pour laisser le docteur Brand revenir sur Terre. Il pourra cependant regagner la Terre grâce au trou de ver qui était là (ou qui sera là) juste à l'endroit qu'il fallait (car l'espace-temps est devenu élastique grâce aux progrès de l'humanité qui a maîtrisé entre temps les lois de la relativité). Cooper pourra voyager dans la période qu'il veut grâce au tesseract où il évolue avec l'aisance de super Mario dans un jeu d'arcades géant (ou comme les doigts de Lily Laskine sur les cordes d’une immense harpe). Et pour communiquer et voyager à travers les époques quoi de plus simple que les ondes gravitationnelles qui paraît-il existent réellement (une première observation en a été faite le 14 septembre 2015) ? Au terme de son odyssée le héros pourra enfin revoir ses enfants (comme dans Inception), après moultes péripéties plutôt compliquées et éliptiques, mais transcendées par la poésie recherchée par Christopher Nolan


Le contexte astronomique et scientifique, validé d'ailleurs par des sommités scientifiques, n'est qu'un prétexte pour évoquer les émouvantes relations père-fille, qui se heurtent à des obstacles inattendus(voir les messages vidéo restés sans réponse). Et le grand amour filial entre Cooper et sa fille brillante portant le même nom que la bière Murphy (sécheresse oblige), auquel répond dans un moindre registre le couple formé du professeur Brand (Michael Caine) et de sa fille brillante aussi Amelia (Anne Hathaway) est possiblement provoqué par la paternité de Christopher Nolan. En fin de compte ce n'est pas tant la science qui va rapprocher le père et sa fille que la rémanence de leur affection au-delà du temps.


Et en dépit de sa lenteur volontaire et de la complexité du scénario auquel il faut un peu s'accrocher, force est de constater que Interstellar décolle, frôle les rivages de la poésie et nous colle au siège.Je ne connais pas plus que ça la filmographie de Christopher Nolan, Interstellar me donne donc envie de voyager dans ses autres films.

Zolo31

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