Jamais je n'aurais imaginé Christopher Nolan capable de réaliser un produit si mature, si beau, intelligent, sans verser dans le cynisme de petit malin. Loin d'être parfait, le film souffre au début d'un cadrage maladroit et instable qui donne la nausée (étrange quand on remarque la parfaite maîtrise de la mise en scène dès que la mission spatiale commence), et une photographie se révélant parfois floue...
Le film est très ambitieux, et purement. Sans atteindre le degré de philosophie abscons de l'oeuvre quasi-divine de Kubrick, et heureusement, Nolan n'a pas cette prétention. Pas de fond pessimiste pseudo-facho ou de scénario ridiculement complexe et d'un creux abyssal à la Inception. Le plus beau dans ce film, ce n'est ni son esthétique peu originale, rappelant trop 2001, ni ses travellings immersifs, c'est cet humanisme qui en émane, cette réflexion qui vulgarise la science au profit d'une philosophie très belle et très juste sur la condition de l'Homme dans l'univers, on pourrait se croire chez Malick (avant qu'il ne sorte son infâme auto-caricature A la Merveille).
Un très beau film sur le temps (la scène de retrouvailles, qui a le mérite de ne pas être larmoyante - le film ne l'est jamais - est somptueuse, cela va de soi), sur la responsabilité paternelle, sur l'espace... Au final, j'ai presque envie de croire à ces théories scientifiques fumeuses et de me documenter dessus, jamais eu un attrait particulier pour ça, et pourtant toutes les émotions que le film procure viennent de là...
Le film est une richesse inouïe, et j'ai bien envie de m'intéresser de plus près aux prochains travaux du cinéaste, en espérant qu'il se bâtisse une identité à partir de ce dernier film, sans retomber dans ses démons de petit faiseur hollywoodien pessimiste à quatre sous...