L'ambition en même temps que l'humilité. Le meilleur Nolan sans aucun doute.

Ecrit par le réalisateur Nolan et son frère, avec en vedette le trio central Matthew McConaughey, Anne Hathaway et Jessica Chastain, Interstellar est une histoire qui se déroule dans un futur proche. Il rassemble tous les éléments du blockbuster et s'adresse à un public de masse, avec toute la puissance et tous les moyens que ce genre peut permettre. Pourtant, le script est sophistiqué, épique, et s'intéresse tout autant au grand spectacle qu'aux ressorts immersifs et émotionnels.Oui, Interstellar est une formidable preuve que Nolan sait aussi de faire humble devant son sujet, et devant des acteurs qui se surpassent.

Paradoxe : Nolan signe un film « à l'ancienne », un ovni dans la jungle actuelle du block-buster hollywoodien, tout en créant des images extraordinaires. Pour une fois il est humble devant l'histoire, et si certains plans sont à se damner de sophistication, d'autres au contraires sont d'une simplicité et d'un classicisme qui n'est pas habituel chez Nolan. La lumière de Hoyte Van Hoytema recrée l'unité, jette les ponts entre les deux principes esthétiques, et c'est un des fondements de la force du film.

La première heure est consacrée uniquement à la Terre, que les hommes ne peuvent plus sauver, dont ils doivent partir. Nolan en profite pour laisser tous les tropes de la littérature de science-fiction de côté, et se consacrer à une exploration du sentiment amoureux, l'amour d'un père dont la combativité et l'intelligence font écho en la personne de sa fille Murphy, incarnée par MacKenzie Foy à 10 ans, et Jessica Chastain une fois adulte.

Si l'art numérique et la science peuvent créer une image éthérée, c'est pourtant des monstres de 5 tonnes chacun qui seront assemblés et désassemblés en Islande pour créer le décor glacé de Interstellar. Et aussi sophistiquée que soit l'hypothèse des trous stellaires permettant la distorsion nécessaire au voyage dans l'espace de « Coop » (Matthew McConaughey), c'est bien une histoire humaine qui prend ses droits. Comme 2001, comme Blade Runner, comme L'homme sans âge ou le récent Her : une humanité telle qu'elle donne envie d'y croire, justement, à l'humanité, et qui ramène le spectateur des planètes les plus lointaines à sa propre intimité.
MarcoSerri
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le 9 déc. 2014

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