A trop être ambitieux, je trouve que Nolan finit par gâcher un peu ses films. On dirait qu'à chaque nouvel essai, il veut marquer l'esprit du spectateur encore plus fort, en poussant la technique encore plus loin, en développant des histoires pas forcément plus complexes mais avec encore plus d'enjeux (dramatiques, moraux, voire philosophiques…).
Perso, je lui en demande pas tant, car à trop théoriser, on perd forcément en efficacité. Sa trilogie de Batman est bien représentative de cet état de fait selon moi : le premier était vraiment efficace, le deuxième était déjà un peu moins bon car tentant de surpasser le premier, le troisième finissait par devenir dur à digérer à cause d'un trop plein de prétention (trop de personnages, trop d'ampleur, trop d'histoires dans l'histoire…).
Malheureusement, Interstellar ne parvient pas à créer le même enthousiasme qu'Inception, Memento, ou que le Prestigue (entre autres) car lui aussi déborde un peu d'idées et n'arrive pas à être aussi concis qu'eux. Ils se perd parfois dans un gloubi-boulga cryptico-thélogico-scientifique qui fait qu'on se demande parfois si ce qu'on voit est intelligent ou alors complètement con (la bibliothèque à la fin, les explications sur la gravité…).
Malgré ça, c'est complètement insensé de descendre le film, car l'ambition n'est pas en soit un défaut. Un film ambitieux mais raté, ça donne une merde (ou un nanard), on est d'accord. Mais un film ambitieux et réussi, ça peut donner un grand film : et quand Nolan parvient à nous éblouir, lors de nombreuses scènes, il le fait comme aucun autre réalisateur de blockbuster n'arrive à le faire. Techniquement, visuellement, émotionnellement, Interstellar va parfois tellement loin, qu'on ne peut pas douter de la sincérité de son auteur.
On attendra donc bien sagement son prochain film, en espérant que le père Christophe n'essaye pas de surenchérir.