Plaidoyer pour un film intouchable

J'ai aimé Intouchable et je n'ai pas honte.
Je chie joyeusement sur les pisse-froid m'expliquant que ce film n'est qu'un immense cliché plein de bon sentiments complètement fantaisistes.

Il s'avère que j'avais lu le livre écrit par le tétra qui à inspiré le film et sachez que:
La scène de l'entretien d'embauche de Driss et la scène de la voiture escorté par les flics, l'histoire de la femme de Philippe emporté par une maladie incurable quelques années avant, l'initiation au cannabis, sont authentiques (liste loin d'être exhaustive).

En fait, plus que de forcer le trait, l'adaptation a lissé la réalité. Le personnage de Driss est bien moins politiquement correct dans le livre: il ne se contente pas de draguer gentiment une employé de Philippe, mais se créer un joli tableau de chasse dans la haute (parfois avec le mari dans la pièce d'à coté). Il n'a pas du tout arrêté ses business, et propose régulièrement à Philippe des objets volés. Il n'a effectivement pas de permis, monte pourtant une boite de Taxi de luxe avec la bénédiction et l'argent de Philippe qui s'avère être tellement fumeuse qu'il (Philippe) arrête les frais au bouts de quelques mois... Bref, le livre (au demeurant plutôt moyen) raconte une réalité tellement délirante avec un personnage bien plus détestable (sauf avec Philippe) qu'elle aurait encore eu plus de mal à passer à l'écran.

Alors oui, il y a quelques gags faciles, parfois franchement limite sur l'art, le bobo parisien, où encore le gentil mec de la cité qui fait danser le petit personnel de la haute sur sa musique. On sent que les réalisateurs ont brossé dans le sens du poil.
Mais le seul vrai reproche que l'on peut faire au film, c'est de ne pas avoir fait un portrait trop noir (même si pour le coup réel) d'un jeune issu des cités.
On pourra crier à la pensée unique et je suis sûr qu'Eric Zenour se sentira violé, mais ce n'est pas la vocation de se film, qui n'aurait de toute façon pas pu montrer les différentes facettes d'Abdel (l'homme qui a inspiré le personnage de Driss décrit par l'auteur commme "insupportable, vaniteux, orgueilleux, brutal, incontant, humain" mais qui lui a sauvé la vie).
On pourra aussi regrêter que le film cache beaucoup les moments les plus terribles de la vie de Philippe, mais d'un autre coté c'est aussi le premier film qui prends le risque de faire rire avec un tétra.

Eric Toledano et Olivier Nakache ont choisi de montrer la facette la plus cosmétique de cet expérience et l'on réussi.
Le couple Omar Sy - François Cluzet fonctionne à merveille, et j'assume d'avoir ri plusieurs fois en regardant ce film.

La fin enfin, pourtant terriblement niaise, n'est pourtant pas très loin de ce qui c'est passé dans la réalité. Ce que rappel "Intouchables" finalement, c'est que la vie est bien plus cliché que l'on ne veut l'admetre, n'en déplaisent aux connards pseudo élitistes dont je reconnais faire bien souvent partie.