Après deux excellents premiers opus et un troisième en demi-teinte, voici que sort fin 2019 l’ultime volet de la saga Ip Man, du moins celle du duo Wilson Yip / Donnie Yen, sous le titre Ip Man 4 : The Finale. Un moyen pour le producteur Raymond Wong de continuer d’engranger de l’argent alors que Donnie Yen ne voulait déjà pas faire le troisième opus à cause de la masse de films estampillés Ip Man ayant vu le jour dans les années 2010. Mais vu le succès du 3ème opus (plus de 150M$US au box-office mondial), et après un très gros chèque (selon les dires de Raymond Wong), Donnie Yen rempile donc pour ce quatrième opus qui, comme son nom l’indique, sera le dernier de la saga puisqu’il retrace une partie, de manière très romancée, de la « fin de vie » du célèbre maitre de wing chun chinois. Toute la fine équipe est donc de retour pour appliquer une quatrième fois la même recette. Même si la saga continue de tirer un peu trop sur la corde, le résultat reste convaincant, plus réussi que le 3ème volet, mais toujours en deçà des deux premiers.


Ip Man 4 n’aura pas fait parler de lui qu’en bien. En effet, en raison de la position pro-pékin et son producteur et de certains de ses acteurs en période de grandes manifestations à Hong Kong, ce quatrième opus de la saga de Ip Man est décrié par une bonne partie de la population de l’ex colonie anglaise. En 2017, Donnie Yen s’est affiché en compagnie du président Xi Jinping lors du 20ème anniversaire de la passation de Hong Kong. Danny Chan, qui interprète Bruce Lee, avait déclaré que la police hongkongaise était trop tendre envers les manifestants de l’ex-colonie. Le producteur Raymond Wong a quant à lui, en 2014, organisé une collecte de fonds contre Occupy Central, un collectif d’opposants au gouvernement chinois. Du coup, les utilisateurs du forum LIHKG, très utilisé à Hong Kong, ont appelé au boycott du film. Pire que ça, ils sont allés jusqu’à révéler l’histoire du film afin de dissuader les gens d’aller voir le film au cinéma. Du coup, le film fait un four à Hong Kong. Mais en Chine, c’est un énorme succès, écrasant la concurrence, dont le mastodonte américain Star Wars 9. Il finit sa course avec pas loin de 200M$US de recette au box-office mondial fin février 2020, alors que le film doit encore sortir au cinéma dans plusieurs pays (dont la France). Le meilleur score de toute la saga.
Comme dans le premier film, une partie de l’histoire va se centrer sur l’affrontement idéologique entre le wing chun et le karaté. Comme dans le second film, tout un pan du scénario va nous montrer la relation entre deux maitres d’arts martiaux, d’abord adversaires, puis bien plus amicales lorsqu’il faudra s’unir contre l’étranger. Enfin, comme dans le troisième film, il y aura en toile de fond un côté bien plus intimiste, ici la relation compliquée entre Ip Man et son fils, depuis que le maitre est veuf. En gros, Ip Man 4 va essentiellement se contenter de recycler des éléments des trois précédents films. Clairement, ça ne brille pas pour son originalité, mais l’ensemble est une fois de plus fait avec énormément de sérieux, assez pour tenir en haleine sans jamais ennuyer.


Une fois de plus, la mise en scène de Wilson Yip est très soignée. Le film dans son ensemble, bien entendu, mais plus particulièrement les combats. Yuen Woo-Ping rempile une seconde fois et les affrontements sont de nouveau superbes. Les chorégraphies sont redoutables. Yip fait danser sa caméra autour des protagonistes et, une fois de plus, le montage fait honneur à ces artistes martiaux hallucinants qui donnent une dimension épique à leurs combats. Ils sont au final peu nombreux, mais que ce soit celui entre Donnie Yen et Wu Yue (The Brink, God of War), qui nous renvoie sur bien des aspects à celui du 2 entre Donnie et Sammo, celui entre Donnie Yen et Chris Collins (Wolf Warriors, Paradox) ou encore bien entendu le final entre Donnie Yen et l’impressionnant Scott Adkins, ils sont tous dantesques. A la fois brutaux et emplis de poésie, ils nous prouvent une fois de plus l’étendue des talents martiaux de leurs interprètes. Dommage que, malgré un très bon combat dans une ruelle, le personnage de Bruce Lee ne soit que si peu exploité. Même si plus présent que dans le 3ème volet, il n’est ici qu’accessoire.
Dans ce qu’on retrouve des autres films, il y a également cette aversion envers les étrangers, dans le cas du 4, les américains, qui sont ici dépeint comme des grosses brutes sans cervelle au racisme exacerbé. On a l’impression à chaque fois que c’est soit tout noir, soit tout blanc, aucune nuance ne semble être possible. En voulant dénoncer ce racisme, Yip y plonge dedans la tête la première et certains de ses personnages tombent dans la caricature totale (celui de Scott Adkins). Ce n’est pas le seul point noir. Citons par exemple le concours de pom-pom girl de la fille du maitre du Tai Chi qui n’a aucun intérêt scénaristique, ou par exemple le jeu assez approximatif de certains acteurs (Chris Collins, tu m’entends ?). Mais ne boudons pas notre plaisir car, malgré tout, Ip Man 4 envoie du lourd avec ses scènes d’action. Et rien que pour ça, ça vaut le détour.


Quatrième et ultime volet de la saga Ip Man du duo Wilson Yip / Donnie Yen, Ip Man 4 : The Finale vaut clairement bien plus pour ses scènes de tatanes que pour son classicisme à toute épreuve. Malgré une première partie qui prend un peu trop son temps, le film finit sur les chapeaux de roues et on en sort plutôt content.


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cherycok
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le 9 juin 2020

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