Oui. Déception devant ce film. L'envie de le voir au cinéma était motivé notamment par l'espoir que le réalisateur Jalil Lespert était en capacité de donner un pendant français digne de ce nom aux équivalences américaines connues. En effet le genre du thriller en milieu conjugal avait connu depuis deux ans, du côté de Hollywood, une embellie remarquée avec notamment le brillant Gone Girl de David Fincher et plus récemment La Fille du train de Tate Taylor.


Effet de mode ou cristallisation des peurs contemporaines sur le couple, ce type de récit était dans ces deux derniers cas traité avec des mises en scène brillantes et un succès relatif. Avant d'entrer dans la salle pour voir Iris, j'espérais donc le meilleur, d'un réalisateur pour qui j'ai un à priori positif (son biopic sur Saint Laurent ne m'avait pas déplu). Des informations connues à la bande-annonce, le film semblait vouloir boxé dans cette catégorie comme un très bon film. L'attente fût douché par une amère déception...


On suit les tourments d'un garagiste au bord de la faillite financière et sociale, interprété par Romain Duris qui n'en finit plus (avec des fortunes diverses) de vouloir faire oublier son ancienne image de jeune premier pour des rôles de looseurs paumés et dans la panade. Ce dernier est pris malgré lui dans un triangle composé de Jalil Lespert, Charlotte le Bon dans le rôle d'Isis, objet de toutes les convoitises (des personnages comme de la caméra qu'elle aimante de par sa présence érotique en diable) et lui-même. Un binôme de flic se débrouillera pour démêler l'ensemble. L'ensemble ?


Un enlèvement bidon, qui se révèlera n'être qu'un piège pour faire inculper le garagiste en manque d'argent d'un meurtre passionnel commis par un mari banquier richissime interprété par Lespert.
Le film est décevant. Les bonnes intentions pavent la pellicule pourtant : la photographie est très belle, le sobre et le gris froid de Paris le disputent harmonieusement à la chaleur torride des apparitions diversement dénudés de Charlotte le Bon. Cette dernière s'en sort bien, mais il lui est compliqué d'aller au delà de sa qualité de faire valoir sexy d'une bobine pas si innovante.


L'histoire qui se voudrait alambiquée et intrigante n'est qu'un fil de clichés avec quelques incohérences : L'action des policiers est aussi excitante pour elle-même qu'un Julie Lescaut et on ne comprend pas pourquoi le plan du mari manipulateur est aussi tarabiscoté pour une conclusion aussi attendue. On perd du temps du côté des histoires de fesses des flics comme une pâle et inutile copie renvoyée à l'intrigue principale. Contrairement aux deux étalons américains cités plus haut, le film ne parvient jamais à faire émerger un germe de réflexion satisfaisante sur le couple, ni ne parvient à nous surprendre tant tout devient prévisible. Scolaire et prétentieux par un habillage qui masque un vrai vide de sentiments et de sensations. Le traitement du sadomasochisme bien qu'étant l’argument innovant du film, ne parvient pas à relever le soufflé de ce triangle amoureux raté : la partie thriller est convenue, et rien ne permet de croire aux émotions et émois échangés entre eux trois. Un vague relent de pensée sociale en étalage (le méchant banquier d'affaires féru de déviances sexuelles contre le gentil péquin de base couvert de dettes) et c'est tout. De belles images pour une histoire creuse.


Je me rend soudainement compte en conclusion de cette critique, un brin désabusé, que depuis Ne le dis à personne réalisé par Guillaume Canet, aucun thriller français n'a semblé pouvoir rivaliser avec des productions d'outre-Atlantique, voir d'autres productions européennes. Comme le cinéma d'horreur, c'est un genre dans lequel les productions françaises souffrent d'un complexe d'infériorité qu'on ne peut plus qu'espéré voir un jour vaincu...

Farfadet_Del_Pr
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le 2 janv. 2017

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David Cathala

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