Jack Reacher : "psychanalyse" d'un mauvais-gentil film!

On ne passe pas un mauvais moment devant Jack Reacher, puisqu’on rit sans arrêt (pour les bonnes raisons ? C’est ce que nous verrons) ! Je vais tenter de mettre au jour les mauvais choix du film, mais pour égayer un peu cette critique (qui ne sera pas si « gaie » que ça !), je propose de prendre les personnages principaux du film les uns après les autres sous l’angle décalé de la « psychanalyse de bas étage »… Bref, je me mets au niveau du film…


1/ Le méchant très méchant « victime devenue bourreau ».

« Le Zec » signifie « le prisonnier ». Notre pauvre méchant a dû se manger les moignons en Sibérie (si si) donc forcément, il en garde un traumatisme psychique particulièrement vif, qui le pousse notamment à demander à tous les hommes de main qu’il croise de choisir entre « se prendre une balle » et « se manger soi-même la main ». Et ça l’étonne qu’on choisisse la balle (surtout que l’homme de main, qui a sans doute fait Sciences-Po, commence par le pouce. Le cas échéant, on se dit que le petit doigt est moins important... Je ne suis peut-être pas fait pour être homme de main… !) Ce méchant impitoyable, qui au final ne sert à rien dans le film, cherche à nous faire peur… En réalité il nous fait rire ; il a le cerveau aussi abimé que son œil de verre. Une séquence inutile, mais 15 minutes de film de gagnées !

2/ Le faux tueur un peu tueur quand même.

On le sait d’emblée, (pas de spoilers !) malgré les apparences, le premier coupable n’est pas le bon. C’est dommage, parce qu’il a tout le potentiel : la sale tête du tueur en série au regard creux, un brin inquiétant, silencieux, et qui se coupe les cheveux lui-même. Le soldat solitaire qui passe sa vie à tailler ses balles, traumatisé de l’Irak non pas parce qu’il a vu des horreurs mais parce qu’il n’en a pas assez commises… ! L’homme qui a, excusez du peu, déjà tué de sang-froid par pure impulsion… Mais bon coup de bol c’était des violeurs alors, soyons fous, on ferme les yeux… l’Amérique n’est prête d’abolir la peine de mort… :/ Tout ça pour quoi ? pour montrer à quel point Jack Reacher est noble de chercher la vérité quand même… larmichette ? Pas encore !

3/ L’avocate coincée vivant dans l’ombre de papounet.

Elle est belle, idéaliste, même si elle s’en défend, elle a la poitrine saillante, le regard immature et toute la vie à apprendre… Mais pourquoi est-elle si seule ? Facile : comme par hasard, son papounet autoritaire (qu’on n’imagine pas lire un conte de Fées le soir avant le dodo) est procureur général, et donc son adversaire désigné dans l’enquête : Il va falloir triompher de la figure du père écrasante et castratrice ! Dans son giron sans tendresse, l’amour même est prohibé, et pourtant, grâce à Jack Reacher… Enfin la révolte adolescente gronde (passé 30 ans, on se dit « ouf » quand même!) et le meurtre symbolique du père est accompli quand elle le soupçonne dans l’affaire, ce à quoi toute la salle s’attendait depuis une bonne heure de film ! Il manque une petite réplique du genre « si maman avait été là… »

4/ Le patron du stand de tir : La figure grand-paternelle décomplexée qui dit des gros mots pour faire cool.

Je ne vais pas écrire très long là-dessus, j’ai un gros morceau à étudier ensuite… Le pauvre Duvall doit faire dans l’alimentaire pour assurer la retraite j’en ai peur (un si grand acteur, sniff) mais si vous cherchez un senior bourru qui dépanne (un peu comme celui de Skyfall), celui-là est pour vous : gros mots cools (« dans le cul » adressé aux cadavres des méchants), tirs au sniper les yeux fermés,… Le papy avec lequel on a très envie d’aller à la fête-foraine… Un peu moins à un rendez-vous de tueurs sur-entraînés mais bon, Jack a les alliés qu’il mérite… !

5/ Le lonesome cowboy aux abdos vieillissants qui tire plus vite que son ombre à coup de mauvaises blagues.

Le meilleur pour la fin : Il est bien coiffé, il est beau torse-nu (même s’il rentre le ventre tout en gonflant les pectoraux – Je ne juge pas car moi je n’y arrive pas), il a de l’humour (enfin… on en parlera !) il maitrise tout plein d’arts-martiaux méconnus, il est insaisissable, et « on ne le trouve que si il veut qu’on le trouve » (bon… On se rend compte qu’un vieillard perdu au fin fond de l’Ohio connaît son nom et le reconnaît rien qu’à son carton dans la cible, mais à part ça, si si, il est insaisissable, promis) ! Il rend justice lui-même parce qu’il ne faut pas déconner, et il protège quand même la veuve, la quiche, et l’orphelin. Toutes les filles lui tournent autour même la cruche qui a servi à le piéger… En résumé… Encore un film de Tom Cruise produit par Tom Cruise à la gloire de Tom Cruise !! Notre super héros se fiche des règles (que c’est original), découvre tout avant tout le monde, prête attention au moindre numéro de série, au moindre parcmètre… Il est tellement fort qu’il arrive à repérer l’énorme Audi hyper-voyante qui le file de près toute la journée. Rien à dire ! Et il a un égo avec ça… Vous le verriez poser son gros calibre pour affronter à mains nues et à armes égales le méchant sanguinaire, tout prêt qu’il est à prendre quelques baffes au passage… Moi j’applaudis ! Ou pas… ! Enfin sa dernière qualité, c’est quand même la répartie. Il tue plus de spectateurs à coup de mauvaises vannes que d’ennemis à coup de Sniper. « Paie ta note avant de sortir, tu ne pourras plus après », et je passe sur : « Sandy comme Sandy Kilos ? » parce que j’imagine que c’est un problème de traduction, (mais au final, c’est assez dans le ton du film) ! En fait, on n’est pas sûr si le film se prend vraiment au sérieux, si c’est volontaire ou non… C’est là qu’est le drame !!


Conclusion : Psychanalyse du spectateur.

J’en viens donc à la partie complexe : que ressent le spectateur devant tout ce charabia de mauvaises idées, de genres mélangés, et, il faut l’avouer, de belles images quand même ? Autant le dire, on ne s’ennuie pas, et c’est intéressant de voir que les réactions sont très différentes dans la salle : on peut très bien rentrer dedans, accepter la nullité, après tout, on n’en attendait pas plus de toute façon, et passer d’ailleurs un très bon moment ! Oui, certains plans sont jolis, la réalisation/mise en scène (à part les passages inutiles tels que ceux du mangeage de doigt…) est propre, la qualité sonore impressionnante (détonations, courses-poursuites)… On sait faire tout ça, mais très bien !!
Ou alors, et c’est mon cas, on peut rire… du film, des mauvais choix, de voir que même la fin ne rattrape pas, de se dire « comment ont-ils osé ? »
J’attendais un film d’action, j’ai vu une comédie… Soit ! Bon film à tous ! Faites-vous offrir la place !
GuillaumeChappu
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le 28 déc. 2012

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GuillaumeChappu

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