Le plus intéressant reste le fait que Jacques Demy est un pur personnage du cinéma de Jacques Demy, un petit garçon prisonnier d’une condition sociale (« tu es fils de mécanicien tu seras mécanicien et puis c’est tout ») qui veut partir, se libérer de cet endroit et rêve de devenir cinéaste et donc d’un avenir meilleur.
On voit cet amour du cinéma qui va grandir via les films qu’il va voir, les spectacles de marionnettes ou le théâtre etc… tout ce film est basé sur les souvenirs de Jacques Demy, Agnès va jamais sortir du point de vue candide de Jacquot et puis surtout ça donne un cachet super sincère à l’œuvre (sachant qu’Agnès Varda a toujours ce côté très sincère dans ses œuvres), qui de mieux que sa femme, possiblement la plus grande cinéaste de l’histoire du cinéma qui réalise ton biopic. Agnès Varda qui va faire un biopic sur son défunt mari, nous présenter comment le petit Jacquot est devenu le Jacques Demy qu’on connaît tous.
L’histoire reste très intimiste, on va toujours rester dans cette famille et ce Jacquot qui a essentiellement grandi dans une France occupée par l’Allemagne nazie (très intéressant de voir que le traumatisme de la guerre vient quasiment plus des bombardements alliés (et donc américains) que des nazis en soi) et comment tout ça va impacter son cinéma par la suite, il y a beaucoup d’incursion de ses films dans le métrage. Les 3 temporalités sont super intéressantes : la fiction avec la jeunesse de Jacquot, les extraits de films de Jacques Demy et aussi des morceaux d’interview que Jacques Demy avait donné à Agnès Varda juste avant sa mort : tout ceci donne la puissance émotionnelle au film, on sent tout l’amour de Varda pour Demy. Là où les personnages et le récit est un pur produit de Demy, la mise en scène est totalement un film de Varda avec toujours ce style de mise en scène à la lisière du documentaire et un soin tout particulier apporté aux cadres.
Et puis Spielberg a tellement pompé ce film avec toutes les scènes où Jacquot fait du système D avec ses caméras et ses décors en carton pâte. Mais là où Spielberg faisait un film sur lui-même et pouvait renvoyé une image hyper mégalomane, ici Agnès Varda va filmer ça avec une telle tendresse et une telle admiration pour son mari que c’est tout de suite beaucoup plus impactant émotionnellement.
Bon Spielberg a aussi pompé sur plein d’autres choses mais pas trop envie de m’y attarder, le film mérite mieux qu’une comparaison avec un film moins bien. (Jacques Demy est un des réalisateurs qui s’est le plus fait voler son travail mais c’est aussi la preuve que son œuvre continue d’influencer le monde)
Ensuite je suis allé à Paris et je suis devenu un cinéaste. Là j’ai rencontré une autre cinéaste. Elle m’a offert mon enfant.
Je vous jure cette histoire d’amour me fait fondre.