Touchant, envoûtant : le récit de Jane Eyre se déroule avec passion et intensité tout en restant très délicat. Le traitement de l'enfance de Jane ou du temps qu'elle passe à errer après avoir quitté Rochester est malheureusement très léger : pour saisir les subtilités de son caractère et de son éducation, il faut absolument lire le roman de Charlotte Brönte ou regarder le téléfilm de la BBC réalisé en 2006 qui s'étend d'avantage sur le sujet.
Le film de 2011 choisit de se recentrer sur son histoire passionnelle avec Mr Rochester et leurs moments enflammés. Le côté très doux et calme de Mia Wasikowska laisse la place à Michael Fassbender pour étaler son personnage et lui donner la profondeur qu'il mérite : austère, renfermé, parfois assez froid, mais également moqueur et amoureux passionné. Seul point négatif : son côté très rieur limite enjoué est presque totalement ignoré.
Pour ce qui est de Mia, j'ai été assez déçue de la trouver froide, distante, presque rigide. Ruth Wilson dans la version de la BBC laisse plus transparaitre son sarcasme et son caractère bien trempé : tous les malheur de son enfance sont liés à son refus de se laisser dicter sa vie sans répondre. Négliger ce côté de sa personnalité, c'est l'éteindre et transformer une héroïne de Brönte en héroïne de Jane Austen. J'aime beaucoup les deux auteurs, mais leurs personnages sont loins d'avoir les mêmes récits ou réactions.
Mais à part cette performance un peu à côté, le film m'a beaucoup plu. Les décors sont très beaux, les costumes sont superbes. L'alternance entre couleurs chaudes et froides accompagne avec douceur l'histoire de Jane. Une très belle adaptation visuellement et forte en émotions.